J’ai envie de vous parler d’un
livre que je viens de relire il y a peu au sortie d’une grippe. Je
l’avais lu il y a longtemps , mais j’ai eu une autre approche à cette
seconde lecture . Je l’avais aimé auparavant pour le pittoresque
l’humour, Il s’agit de « l’amant du pèbre d’âne » de
Pierre Magnan, dont j’avais apprécié les précédents livres sur les enquêtes de
l’inspecteur La Violette, livres amusants pour la détente. L’auteur mort
il y a 6 ou 8 ans était assez âgé quand il a décrit dans
« l’amant du pèbre d’âne » un monde fusionnel alors avec la nature de
son pays des « basses-alpes » ( appellation alors de la haute
Provence). Il y raconte son enfance adolescence jeunesse à
Manosque, se laissant aller à la nostalgie. Pourtant ce
lointain univers n’était pas facile, la mort était omniprésente.
Paradoxe, il y regrette dans ces pages la vie d’antan ou du moins
regrette-il la saveur des impressions dans l’insouciance des premiers
années. Au fil du temps, il énonce ses réflexions sur la mort. Son
constat de précarité l’a préservé de toute ambition. Très tôt
il comprit qu’ambition richesse n’étaient que leurres. Il prit comme
modèle sa grand-mère, femme endeuillée de multiples fois et à qui le
spectacle de trois violettes sortant pour annoncer le printemps donnait un
sourire lumineux. Pierre Magnan a enfermé le monde de
son enfance dans ses livres. Peut-être ai-je été sensible à son
univers parce que proche du mien par certains coté malgré une différence de
génération. Les auteurs sont souvent « à la recherche du temps
perdu », « de leur temps perdu » ; oui les temps se
perdent, on les retient par l’écriture. Le monde de Pierre Magnan à l’époque de
sa jeunesse n’existe plus que par son livre, cela est précaire , car mêmes les
livres ne sont pas immortels, puisque il est connu que les « civilisations
sont mortelles ». Lors de l’instant présent, les enfants adolescents
semblent perdre leur temps à tout observer et ressentir, ils font provisions
sans le savoir de souvenirs.
Apprendre la précarité de la vie est
un exercice difficile. Les mondes s’engloutissent. s’ensevelissent les uns
derrière les autres ; de plus en plus vite. La génération née après guerre
est la dernière a avoir connu un lien avec la nature.
Un lien qui est en train de s’anéantir remplacé par un monde que je
ne sais ni nommer ni définir. Ce n’est pas un commentaire très gai que je vous
envoie, peut-être est-ce à cause de ce temps de coronavirus où la fragilité de
la vie est accentuée, peut-être aussi cela nous permettra-t-il de retrouver un
lien plus respectueux avec la nature…
Pierre Magnan n’ a été connu et
reconnu que fort tard dans sa vie. Je vous invite à lire son œuvre si vous ne
le connaissez pas, vous y puiserez un grand plaisir.
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