1er
jeu : pour s’échauffer la main et se relâcher l’esprit ; sur le
modèle du cadavre exquis, un jeu de questions-réponses partant de « la
porte à laquelle je n’ai jamais osé frapper ».
2ème
jeu : un tableau à compléter circule.
Il faut répondre aux questions le plus spontanément possible.
Après,
chacun récupère un tableau. Les mots
seront à introduire dans l’incipit et dans le texte. Une phrase du 1er jeu est reprise
comme phrase de fin du texte.
Louis
XVI a pris la porte de la nouvelle maison de mon fils, et de ma belle-fille et
de ma petite fille et ne l’a jamais rendue.
Depuis, à la place de la porte il y a un trou béant et le paillasson se
lamente de ne plus voir personne passer le seuil. Des jours entier, il scrute l’horizon mais en
vain. Au désespoir de ne plus voir
personne, il éclate en sanglots et, miracle ! L’eau de ses larmes imbibe ses poils
drus. La nuit tombe et, attiré par
l’humidité du paillasson, un moustique vient se loger entre ses fils. C’est l’occasion ou jamais de se lier
d’amitié avec le moustique et de l’envoyer en reconnaissance pour lui ramener
des visiteurs qui, ô délices, essuieront leurs chaussures sales sur son dos
ardu. Le moustique s’éloigne et, après
quelque temps, il rencontre un cyclope à cinq jambes assis sur le talus
mangeant une pomme. Il sort de sa poche
une hostie oubliée par le curé de l’église voisine qui, à la vue du cyclope, a
détalé à toutes jambes, racontant à ceux qu’il rencontre qu’il a vu un
monstre. Les gens lui
répondent : "est-ce que les personnes de ton entourage sont aussi
coincées ?" Le moustique
parvient à convaincre le cyclope de l’accompagner pour que le paillasson puisse
à nouveau sourire à la vie.
Anne
Un
lépreux a pris la porte de la maison de Blanche Neige et des sept nains et ne l’a jamais
rendue. Depuis, à la place de la porte,
il y a un trou béant et un sac plein de livres, et un poète très beau avec des
yeux magnifiques. Il y a aussi un
lépreux très moche, qui me faisait peur, avec un porte-jarretelle tout noir et
rouge. Il s’est acheté une pomme d’amour
à la foire et un caniche très beau pour aller en croisière faire de jolis
voyages.
Christiane
Un
politicien honnête a pris la porte des communs de l’abbaye des moines de la
pointe de Gulvar et ne l’a jamais rendue.
Depuis, à la place de la porte, il y a un trou béant et le vent de la
mer s’y engouffre sans retenue. Les
moines ont froid, de plus en plus froid.
Le père-abbé aurait dû se méfier de ce politicien le jour où il était
venu frapper à la porte du monastère, arguant de sa volonté de prononcer ses
vœux. L’abbé avait été amadoué par les
mimiques du chiwawa dans les bras de l’homme.
Il ne s’était pas non plus alarmé devant ce sourire sirupeux rempli de
dents telles des figues sucrées et juteuses.
Ce sourire de politicien honnête.
Très vite, l’homme s’était adapté au rythme de vie de l’abbaye,
s’empressant d’accomplir les tâches les plus humbles, vaisselle, épluchage,
corvée WC. Il conversait à égalité avec
tous ses frères moines, qu’il fut modeste facteur dans sa vie d’avant ou tête
couronnée. Mais ces mielleuseries
n’étaient qu’un leurre, masquant ses viles intentions. Un soir, le politicien honnête a emporté la
porte des communs et le porte-manteau moche de l’entrée. Il avait deviné que, dans le tube central, le
père-abbé y planquait ses économies.
Depuis, les moines sont pétrifiés, ne se nourrissant plus que de radis
noirs. Ils ont hontes de leur naïveté et
n’osent plus sortir de l’abbaye de peur qu’elle n’éclate au grand jour. Est-ce que les personnes de leur entourage
étaient aussi coincées ?
Françoise
Un petit garçon a pris
la porte de la médiathèque clandestine et ne l’a jamais rendue.
Depuis, à la place de la porte il y a un trou béant et, si tu t’approches suffisamment prêt, tu peux sentir l’odeur
des ouvrages anciens, un mélange de papier humide et d’encre d’imprimerie.
Tu peux aussi humer l’aventure, la culture et la curiosité. Si tu
t’approches encore, tu seras alors happé par un puissant courant d’air chaud
et, passant à toute vitesse dans le corridor de l’entrée de la connaissance, tu
remarqueras un étrange décor fait de la croix du savoir et d’un
très ancien chandelier, gardien de la flamme
de l’esprit. A ce stade précis, tu pourras encore faire demi-tour par une
petite trappe au plafond, ouverte sur la vie réelle. Mais si tu supportes
le fumet des deux ultimes gardiens de ce le lieu, un vieux bouc à la
toison aussi épaisse que longue et un cheval élancé -jeune étalon prêt à s’élancer sur la piste du
tiercé ou au saut de haie- ils te conduiront enfin vers les voies de la
sagesse, transmises de générations en générations, mais aussi vers la folie et
la passion de lire. Tu apprendras, tu t’informeras, tu méditeras…
Tu te perdras, tu rêveras, tu vivras cent vies en une seule ! Oui, si
tu parviens à passer cette porte de l’inconnu, cette porte qui n’est plus mais
qui se mérite tout de même, qui n’est pas donnée à tous, alors tu récolteras
rapidement les fruits de cette épopée ! Raisins sucrés, pamplemousse
amers et tomates fondantes. Est-ce que tu oses ? Mais est-ce que les personnes de ton entourage étaient aussi
coincées ?
Hélène
Le
pape a pris la porte du fond du jardin donnant sur le canal et ne l’a jamais
rendue. Depuis, à la place de la porte,
il y a un trou béant et finalement, c’est pas plus mal car elle était vieille
et moche, cette porte, depuis le temps qu’elle était là. Une porte en bois vermoulue, sans serrure ni
même poignée pour la fermer. On y
poussait le guéridon contre, mais du coup elle fermait mal. J’y avais trouvé un rat presque crevé qui était
arrivé du canal, et en même temps une musaraigne égarée, largement plus jolie
que le rat d’ailleurs. On avait
sympathisé, un peu, sans plus, car quand le pape l’a vue, il n’a pas aimé du
tout qu’elle s’insinue sous sa robe. Un
pape, « ça n’aime pas les animaux » a dit mon petit fils qui
m’accompagnait ce jour-là. Bref, le pape
avait pris la porte du fond du jardin pour symboliser l’ouverture sur le
monde. Il a posé une grande bougie dans
le trou béant, « lumière de Dieu ? » m’a-t-il dit. Il a invité tous les riverains du canal, des
SDF pour la plupart, à s’abriter maintenant que la porte était ouverte. Une manifestation s’est organisée, il y en a
qui n’étaient pas pour. Ils ont lapidé
le pape à coup de prunes, ça faisait sale sur sa robe blanche. Et il m’a demandé : « Mais est-ce
que les personnes de ton entourage sont toutes aussi coincées ? »
Marie-Jo
Un
homme préhistorique a pris la porte du jardin extraordinaire et ne l’a jamais
rendue. Depuis, à la place de la porte,
il y a un trou béant et, en se penchant bien, on y voit une énorme
araignée. Une araignée dangereuse et qui
trompe son monde. Elle a fait manger des
cerises à cet homme alors que c’était la pomme qui lui était dévolue. C’est ainsi que, ayant tout confondu, il
s’est retrouvé dans un monde peuplé de gens qui vaquaient d’une pièce à
l’autre, l’un prenant le téléphone posé sur un guéridon, lui jetant un regard
indifférent, d’autres, assis à table où trônait un chandelier à six branches,
lui jetèrent un œil hautain. Est-ce que les
personnes de ton entourage étaient aussi coincées ?
Michèle
Alexandre
Dumas a pris la porte de la sortie délaissée d’un parc publique et ne l’a
jamais rendue. Depuis, à la place de la
porte, il y a un trou béant et, comme il se doit, dans les pierres de cette
nouvelle embrasure, des chauves-souris sont venues nicher. Plus personne n’ose emprunter ce passage par
crainte de se voir coiffer de ces pipistrelles inquiétantes. Dans la famille Dumas, les enfants se lancent
des défis. Qui aura le courage de
traverser cette béance pour entrer dans ce parc ? Nestor, qui est le petit-fils du dit
Alexandre, équipé d’une chandelle fichée sur un bougeoir, y est un jour
arrivé. La lueur de la chandelle a
surpris les chauves-souris le temps du passage de Nestor. Firmin, lui, a chapardé du caviar à la table
dominicale et, après avoir attiré vers une
assiette pleine de ce merveilleux caviar toutes ces bestioles, a pu
rejoindre le parc. Agathe, elle, qui n’a
pas froid aux yeux, a chapardé le revolver de son grand-père et, après trois
coups de feu, a dispersé alentour ces souris-oiseaux et est passée, fière
d’elle. Édouard, le cousin venu en
vacances avec son berger malinois, s’est senti protégé par son chien et a franchi
en courant cette béance dans le vieux mur.
Et moi, arrivée de la grande ville, j’admirais le courage de ces
cousins. Je n’avais pas d’idée, j’étais
terrorisée à l’idée qu’une chauve-souris s’emmêle dans ma chevelure et je suis
restée là, figée. Est-ce que toutes les
personnes de ton entourage étaient aussi coincées ?
Odile
Le
Père Fouras a pris la porte du pensionnat pour jeunes-filles et ne l’a
jamais rendue. Depuis, à la place de la
porte, il y a un trou béant et une vue sur une énorme photo de famille. L’histoire raconte que le Père Fouras, qui
était très curieux en jeunes-filles, y a vécu comme un saint, mais un saint
bon-vivant ! Au lieu de s’occuper
des moutons avec son berger allemand, il préférait plutôt attraper une énorme
pastèque et la dévorer avec toutes les jeunes-filles du pensionnat. Pas toutes ensembles évidemment, mais l’une
après l’autre. C’est pourquoi le Père
Fouras est toujours imprimé sur des images avec un arc, l’arc de Cupidon. A la fin de son escapade au pensionnat, le juge
lui a demandé : « est-ce que les personnes de ton entourage étaient
aussi coincées ? »
Paul
3ème
jeu : un tableau de Magritte et un
texte dans lequel nous répondrons à la question:"qui est passé dans le
trou de la porte et pourquoi ?". Un Incipit, repris d'une phrase du 1er jeu. Nous ouvrons la porte aux mots qui ont fait leur entrée dans le dictionnaire
en 2020, nous en introduirons 5 (tirés au sort) dans notre texte.
Parce
que je ne sais pas grimper aux arbres, j’ai préféré me demander qui était passé
par la porte. Etait-ce le lapin d’Alice
au Pays des Merveilles ? Ce ne
pouvait être que lui à voir la silhouette qui se profilait et la jarnigoine
étalée sur le seuil. Il venait
certainement de prendre le thé chez le chat qui lui avait fait tout un discours
sur la zythologie, c’est-à-dire la culture de bien s’asseoir. Sans doute allait-il à la recherche d’Alice
qui lui expliquerait tous les mots compliqués que le chat lui avait inculqués
en scrollant sur son ordi. Je décidai de
le suivre et je franchis donc le trou béant qui se découpait dans le tronc
d’arbre. Je failli m’enfirouaper dans la
boue humide mais j’arrivai à m’accrocher aux racines, raguillant mon sac à dos
sur mon épaule
Anne
« Parce
que je ne sais pas grimper aux arbres, je vais grimper aux murs ! »
répétait à qui voulait l’entendre Hackaton, le petit-fils du politicien
honnête, celui qui avait fini ses jours au monastère de la mer. Grimper aux murs est pratique quand on veut
se consacrer à une vie de monte en l’air, de brigands de grands chemins. Après des années d’entrainement, sa technique
était rodée. Il prenait son élan,
courrait, un salto arrière puis il scrollait d’un bon coup de rein et se
redressait sur les murs les plus hauts.
Mais hélas, grimper n’était pas le tout.
Les portes lui résistaient. Il
avait beau les secouer, les raguiller tant qu’il pouvait, impossible de
pénétrer dans ces grandes villas où il ne pouvait qu’imaginer des coffres
remplis de diamants et d’énormes undo plus scintillant les uns que les
autres. C’est un soir de désespoir qu’il
eut l’intuition de la zythologie, cette science qui permet d’accomplir
l’impossible alors qu’on est presqu’acculé à dure ZUT à tout. Les portes, il suffit de les traverser pour
pénétrer dans ces palaces qui nous font rêver.
Françoise
Parce
que je ne sais pas grimper aux arbres, je me suis donc résolu à trouver une
autre voie que mon tilleul pour aller espionner mon bel et nouveau voisin. Forte de mes séances de fitness du vendredi
soir, j’ai été acquérir un hackaton à la lame luisante. Je me suis évertuée à briser la roche à
l’arrière de mon jardin, entre deux rangées de poireaux, biens protégés par les
haies touffues de jarnigoines. J’ai
beaucoup sué, jusqu’à que le roc révèle une anfractuosité conséquente. Là, gênée par l’obscurité du trou, je suis
remontée dans ma cuisine pour concocter un scroller, indispensable pour chasser
les rongeurs, arachnides et autres êtres plus ou moins désagréables dans le
noir. Je suis repartie explorer ce
tunnel naissant avec mon nouvel outil.
Heureusement que j’étais débrouillarde et inventive, le jeu en valait la
chandelle ! Pour ne pas m’user les
reins, j’ai préféré utiliser mon undo de rechange, il vaut toujours mieux épargner
l’autre pour ses vieux jours. Mon cœur
léger rendait la tâche plutôt agréable.
J’allais, je le sens, vers une idylle précieuse. Mais je préférais observer à distance et me
délecter d’avance, plutôt que de me ruer sur ce jeune-homme avec précipitation. Enfin, j’aperçus une lueur à travers une
ultime galerie… et du bruit ! Je
ralentis et grattais maintenant avec le bout des ongles. Approchant un œil au maximum, je vis alors
qu’il s’agissait des toilettes de ce charmant voisin. Il était sur le trône, égrenant son chapelet,
sa toison taillée en forme de croix. Un
prêtre ! Je me sens déjà atteinte de bigorexie…
Hélène
Parce
que je ne sais pas grimper aux arbres, je n’ai pas pu voir l’être ou la chose
qui est passée à travers la porte. Oui,
je ne sais pas si vous avez remarqué, mais cette porte se situe tout en haut de
l’arbre. C’est cette nouvelle mode du
jarnigoine ! Moi, d’en bas, même
avec ma licence en zythologie, je ne peux me fier qu’à mon imagination. Je suppose qu’un scroller de chez Harry
Potter est passé avec son laser. Il
venait de l’école de Raguiller d’où il s’était échappé car il n’aimait pas la
magie du tout. Il a « undo »,
c’est-à-dire défait tout le filet que ses parents avaient maillé autour de lui,
et a sauté comme Batman à travers la porte… et on le cherche toujours !
Marie-Jo
Parce
que je ne sais pas grimper aux arbres, de là où j’aurais pu apercevoir celui
qui nous avait si bien enfirouapé et qui maintenant détalait dans la pente tel
un chevreuil enamouré. Je hélais mon
compagnon plus bas vers les remparts et, quand ce maudit Hackaton franchit la
porte, il reconnut Jarnigoine, ce petit salopard qui nous avait déjà, par la
passé, causé maints malheurs. Undo,
undo, nous le prîmes en chasse à travers la lande et les boqueteaux et c’est
vers l’étang du noir désir, alors que nous étions près de le coincer, qu’il
sauta dans l’eau trouble et disparu. Au
désespoir malgré tout, nous allâmes
quérir le curé du patelin qui vint bénir le disparu, suivi de toute la bigorexie
du canton.
Michèle
Parce
que je ne sais pas grimper aux arbres, Undo, mon ami de Bolivie, me conseille
de faire un stage de bigorexie. J’aurais
préféré qu’il me fasse la courte échelle pour atteindre la première branche
mais il est catégorique et me dit que dans les forêts de la jungle bolivienne,
tous les ados comme lui, Undo, doivent franchir la porte creusée il y a des
années dans le haut d’un tronc de sequoia et qu’une fois mon stage de bigorexie
fait, j’aurai les capacités de le suivre et qu’il m’aidera à franchir cette
porte. Me voilà donc au Nord-Est de
Medelin avec d’autres peureux comme moi, devant le grand gourou Hackaton. Après trois jours de repas à base d’énormes
pastèques, nous devons partir traverser plusieurs cours d’eau aux eaux
furieuses. Nous devons être en pleine
vigilance si nous ne voulons pas nous faire enfirouaper. Solidarité est notre maître mot, seul, nous
serions emportés par les flots.
Hackaton, du haut du rocher, nous observe. L’épreuve est terrible, et le soir, de retour
au camp de base, Hackaton nous délivre un certificat. Mais pour moi, la plus belle reconnaissance
est la main tendue d’Undo qui m’entraîne vers l’arbre géant. La porte haute, je vais la franchir… et après ??
Odile
« Parce
que je ne sais pas grimper aux arbres » disait l’homme à l’agent.
« Celui qui a cambriolé cet appartement par le balcon, depuis cet arbre,
ce n’est pas moi. Il faudra arrêter un
autre et le raguiller puis l’enfirouaper.
Il faut se demander qui est passé par cette porte et surtout où il
allait. Est-il venu pour voler le
nouveau hackaton du propriétaire ?
Peut-être était-il victime de bigorexie ou encore pire, de zythologie, qui
le dira ? En tout cas, pas
moi ! Je passais juste pour
rapporter la porte du pensionnat de jeunes-filles. »
Paul
si vous êtes curieux…
BIGOREXIE : Addiction
caractérisée par un besoin irrépressible de pratiquer intensivement une
activité sportive, malgré le risque de blessure ou d'épuisement et parfois,
même, aux dépens de sa vie professionnelle et familiale.
HACKATON : Processus
créatif, très utilisé dans le domaine de l'innovation numérique, qui consiste à
faire travailler ensemble et sans interruption des volontaires sur une durée de
vingt-quatre à quarante-huit heures environ, dans le but de faire émerger des
idées novatrices.
RAGUILLER : (Suisse)
Remettre d'aplomb ; redresser.
SCROLLER : terme
signifiant "faire défiler un contenu sur un écran".
UNDO : sorte de
nouilles japonaises
ENFIROUAPER : (Québec)
tromper, duper.
JARNIGOINE : (Québec) intelligence, jugement,
bon-sens ZYTHOLOGIE : étude de la bière
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