le 1er décembre 2022: l'austérité

Pourquoi toujours écrire de nouvelles phrases alors qu’il en existe déjà tant ?  C’est donc avec un souci de non gaspillage et de récupération que nous nous lançons dans ce 1er jeu, basé sur l’idée de recyclage.

Chacune reçoit :

une enveloppe avec 4 éléments de récupération d’écrits. Lors de l’écriture, le maximum de mots devront se retrouver dans le texte, phrase entière ou décomposée.

un roman de Fred Vargas, le début servira d’incipit

un National Geographic, le lieu, titre de la couverture, devra se retrouver dans le texte

 


 

 

 

 

 


 

 

 

 

 


 

Posté sur un banc public, face au commissariat du 5em arrondissement de Paris, le vieux Vasco crachait des noyaux d’olive.  Cela lui rappelait les concours de son enfance dans les faubourgs italiens de New-York et il pensait au fait que son noyau n’arrivait que rarement dans le vieux seau.  A l’instar de l’intelligence,  la motricité devient plus efficace , plus habile et plus harmonieuse en grandissant, c’est à dire sans enseignement spécifique.  Et aujourd’hui, aucun noyau ne ratait son but.  Son esprit vagabondait et il pensait à son ex, Evelyne Cheppe, qui avait repris sa place dans l’entreprise familiale de perruques à Lille.  Depuis son départ, il se nourrissait de plats tout prêts, type surgelés Thiriet.  A midi, par exemple, il avait dégusté un poulet aux écrevisses sauvages sauce homardine, cuisiné avec de la crème fraîche d’origine française.  Cela changeait des ragoûts infects d’Evelyne qui ne jurait que par les légumes poussés dans leur jardin de banlieue polluée.  Au diable la campagne avec ses choux hybrides rustiques, passe-partout.  Elle était fière de ses rendements remarquables.  Elle le saoulait avec  ses discours suffisants sur la robustesse de ses produits du jardin, confirmés depuis 5 ans, date à laquelle elle avait commencé ses cultures.  Elle avait décrété que les déchets capillaires provenant de l’entreprise familiale de Lille était le meilleur des engrais.  Elle était partie quelques mois auparavant en lui balançant à la figure sa prothèse capillaire.  Il avait gardé l’image d’un petit crane rose brillant sous la lune.

    Annie  






Il y avait deux types allongés dans les broussailles.  –Tu te figures pas que tu vas m’apprendre mon boulot ? Chuchota le 1er type.  –Je me figure rien, répondit son compagnon, un masseur-kinésithérapeute de Rennes.  Antoine !  Antoine Morlier, diplômé en masso-kinésithérapie depuis 2007 »… Ҫa on finit par le savoir, il le répète à tout va aussitôt une nouvelle rencontre.  Il faut dire que l’autre type allongé à côté, venant de Cuba, est aussi adepte du corps humain.  Pour lui, le mode de vie actuel limite considérablement les possibilités naturelles de mouvement.  C’est pourquoi l’école et en particulier l’éducation physique doivent aménager les conditions qui favorisent le développement des capacités motrices.  C’est bien de répéter cette prise de conscience à Antoine, kiné convaincu.  Mais c’est paradoxal de tenir ce genre de discours en étant vautré dans les broussailles.  Et pourtant la discussion, ou monologue parfois, reprend : hygiène alimentaire, pas de chapon à Noël, pas de foie gras de canard, pas de morilles, pas de girolles, champignons sauvages pollués par des résidus nucléaires. Bien mieux vaut ces bonnes graines qui, associées à du pois fourragers l’hiver, du tricale ou du seigle, vont vous donner une endurance remarquable et elle ne vaut pas chers, 29.99€ la boîte de 900gr, soit 33.32€ le kg.  Tu peux même payer ce produit avec des titres restaurant, une aubaine !

Encore faudrait-il travailler pour bénéficier de tickets restaurants et mettre en pratique nos théories plutôt que de rester allongés dans les broussailles depuis bientôt 1h30 !  Avec toutes nos pratiques, ostéopathie, posturologie, acupuncture, reiki, aromathérapie, je devrais m’enrichir aussi de la capacité à ne rien faire, comme nous deux en ce moment, parce que c’est fort agréable ! Et j’ai des patients pour qui ce serait bien le soin le plus adapté !

    Cécile

 

 

 




 


En coinçant le rideau de sa fenêtre avec une pince à linge, Lucio pouvait observer le nouveau voisin mieux à son aise.  Sa rythmique, son expression corporelle, son pas dansé étaient étonnants.  Il se mouvait, sur le trottoir d’en face, avec une certaine élégance malgré ses cuissots impressionnants.  Mais Lucio, peu discret, se fit repérer et le voisin vint frapper à sa porte. Il s’invita à entrer, son accent irlandais trahissant ses origines.  En plus, une odeur étonnante émanait de sa personne.  Celle du sorgho fourrager, Lucio en était certain !  Quand il descendait encore à la mine, Lucio emmenait  toujours son casse-croûte fait de sorgho, d’une digestibilité améliorée et d’une bonne valeur UFL, ce qui lui procurait pour la journée un fourrage de bonne qualité, essentiel pour tenir le coup dans son boulot de mineur.  Mais pourquoi ce grand gaillard, au demeurant bien sympathique, sentait-il le sorgho ?  Et pourquoi avait-il remplacé si rapidement Christine Brasseur, sa voisine partie du jour au lendemain ?  Lucio avait bien consulté les 2 oracles et les 2 livres de méditation pour tenter de connaître les causes de ce départ précipité.  Christine se sentait-elle à l’étroit dans sa vie au 21 rue Puy Lannaud ? Pourquoi s’était-elle mise en route pour le changement ?  Les pensées de Lucio furent interrompues par un grand raffut venant de la rue.  S’approchant de la fenêtre, il vit passer un cerf sauvage courant sur les pavés du trottoir, suivi par une horde d’enfants munis d’arcs à flèches.  Il assista alors à une séance de chasse française, menée à même la rue dans le cadre de l’enseignement de l’éducation physique et du sport à l’école.  Pour un coût de 10€95 par enfant, la pratique s’était démocratisée et cette forme de chasse était de plus en plus courante.  Décidément, se dit Lucio, il se passe de plus en plus de choses étranges de nos jours, à Limoges.  Christine Brasseur, la coach de vie, la seule capable de le guider à distance, par téléphone, manquait cruellement à sa vie emballée sous-vide.

Françoise

 



 


Pierre, il y a quelque chose qui déraille dans le jardin, dit Sophia.  Elle ouvrit la fenêtre et examina ce bout de terrain qu’elle connaissait herbe par herbe.  C’est alors qu’elle découvrit une plante qu’elle n’avait jamais vu auparavant.  Elle n’y avait jamais prêté attention et pourtant elle était là, bien droite, dressée au milieu du potager, entre la rangée de courgettes et celle des poivrons.  Que pouvait bien être cette hybride plantée là ?  Depuis quand avait-il pu y avoir dans son jardin une telle pousse ?  Sophia ne pouvait pas en rester là.  Elle alla chercher Pierre qui finissait sa toilette.  Il avait passé une bonne vingtaine de minutes sous la douche, le temps que l’eau se réchauffe, car cette nuit les plombs avaient sauté et depuis, tout semblait aller à vau-l’eau, autant chez eux 8 rue de la Concorde, que dans tout Toulouse.  Dans la vie, il n’y a jamais de hasard, se dit Sophia.  Si cette nuit tout Toulouse s’est retrouvé dans le noir et qu’au réveil elle découvre cette plante rustique et élancée au milieu de son potager, c’est bien qu’une création divine est apparue.  Sophia avait reçu une éducation religieuse très poussée, ce qui ne limitait pas son imagination et ses croyances.  De plus, elle sentait ce présage arriver depuis 6 jours.  Le chat noir au coin de l’école était pour elle l’apparition du signe physique qu’il se tramait quelque chose.  Le matin suivant, il pleuvait des chats et des chiens, comme elle avait l’habitude de dire.  Cette expression lui venait de son amie Sandrine, écossaise avec qui elle correspondait depuis la France.  Elle allait la voir régulièrement les étés.  Là-bas, en Écosse, tout était permis.  Elles pouvaient sorti en boîte de nuit.  Elles aimaient y aller après avoir pris leur petit apéro habituel : Martini-olive à 3,60€, au salon.  Après cela, elle était sans limite.  C’est donc sous cette pluie battante que Sophia sauta dans ses  bottes, couru vers cette plante extraordinaire qui était en fait un sorgho de 84964 pouces et 150kg.  Comment cela était-ce possible ?!!

    Lucie

 

 



Mathilde sorti son agenda et nota : « le type qui est assis à ma gauche se fout de ma gueule. »  Elle but une gorgée de bière et jeta un nouveau coup d’œil à son voisin.  Oui oui, effectivement, sans aucun doute il se moque de moi.  Je ne suis pourtant pas sortie en pyjama.  Je n’ai tout de même pas une tache de risotto sur mon corsage.  Je vais aller aux toilettes et me regarder dans la glace pour être sûre.  Wahoo !! C’est vrai que je suis en Nouvelle Zélande depuis hier, décalage horaire et tutti quanti, j’ai une tête de crevette/carotte.  Je prends mon courage à deux mains et aborde ce voisin moqueur.  Que faites-vous en Nouvelle Zélande ?  Êtes-vous du pays ?  Décontenancé, il m’explique qu’il est artisan d’art et qu’il lui semblait voir dans mon regard les couleurs merveilleuses des vitraux qu’il créé ou restaure.  Proposition est faite d’aller visiter sa maison du vitrail pour m’initier à la perception délicate de la vesce pourpre qui apparaît dans les détails de son travail en cours.  Nous voilà partis pour le 69 rue Desnouettes à Paris, quand soudain, je vois mon nouvel ami tituber sérieusement.  Il se trouve qu’à l’instar de l’intelligence, la motricité devient plus efficace, plus habile et plus harmonieuse en grandissant, c’est-à-dire sans enseignement spécifique, sauf lorsque l’on a trop abusé de la boisson.  Je comprends alors ce début de notre histoire, ce sourire que j’ai cru moqueur et qui n’était en fait qu’un délire alcoolique.

 Marie-Jo

 

 

 

Louis Kehlweiler jeta le journal du jour sur la table.  Il en avait assez vu et n’avait pas l’intention de se ruer page 6.  Page 549, oui ! Mais ce 6 l’angoissait.  Un nombre décimal pour la pagination, ça existe pas ça ?  Il serait le premier.  Avant de se lancer dans ce nouveau concept, il téléphona à son ami, Patrice Rousseau, vous savez, ce conseiller en placements qui habite 24, avenue du Prado à Marseille.  Il aimait être accompagné dans ses investissements mentaux comme financiers.  Comme il aimait, avant tous coups de fil qui pourraient changer sa vie, engloutir quatre fondants au panais, pomme de terre et airelles qu’il ne prit, cette fois-là, pas le temps de réchauffer.  Une fois qu’il eut nourri sa boule d’angoisse, il se décida à composer le n° de Patrice Rousseau.  Le téléphone sonna, sonna, et une voix électronique se mit à débiter un message étrange : « Fort de mon expérience, voulant optimiser mon patrimoine, je suis allé voir les ressources cachées de l’immense domaine maritime de Polynésie.  Veuillez, dans une rythmique adéquate, laissez votre demande avant avril 2017. ».  Avril 2017… mais nous sommes en décembre 2022 !  Est-ce à dire que mon conseiller n’est pas rentré depuis 5 ans ?  Je n’y comprends plus rien, je l’ai consulté comme client professionnel il y a 4 ans.  Il m’avait fort bien conseillé car je voulais investir dans la culture de la vesce pourpre.  Chose que j’ai faite.  Chacun sait que la terre se meurt et cette prise de conscience impulsée par les anciens de Tahiti à favorisé mon business.  Fixer l’azote de l’air pour ensuite rendre à la terre une santé favorable à la culture des céréales, voilà l’effet de ma vesce pourpre.  Je me suis enrichi avec la conscience d’enrichir la Terre-Mère.  Actuellement on enseigne aux enfants cette éducation aux soins de la Terre et on peut voir de plus en plus danser les champs de blé, d’orge, d’avoine.  Bon, je rappelle, vais-je trouver le même répondeur ?  « Vous êtes bien chez Monsieur Patrice Rousseau, conseiller en études financières.  Veuillez manger 300gr de noisettes grillées avant de laisser votre message.  Pour information, je n’aime que les chiffres décimaux.  Ma 1ère consultation est à 5h49, la 2ème à 18h30. »

    Odile

 

 

 


 





 

Adossé au mur noir de la cave, Jean-Baptiste Adamsberg considérait l’énorme chaudière qui, l’avant-veille, avait stoppé toute forme d’activité.  Jean-Baptiste, en tant que technicien de la grande firme ENGIE, se demandait comment il allait procéder devant cette vieille machine Viessmann, de qualité certes, mais ô combien trop ancienne.  De plus, comment se faufiler sous les tuyaux et le peu d’espace entre le mur et cet immense monstre ?!  Heureusement, sa discipline corporelle son entrainement que constituaient les cours de danse du lundi lui assurait un corps d’athlète.  La rythmique, l’expression corporelle et la danse sont des domaines d’activité à promouvoir dans le cadre de l’enseignement de l’éducation physique et du sport à l’école. Il avait toujours eu un tel esprit, à pratiquer ces activités.  Un petit déclic le ramena dans cette situation qu’il devait résoudre. Il chercha dans sa mallette technique les outils appropriés et revérifia, dans un premier temps, les réglages de base.  Machinalement, il appliquait les gestes maintes fois répétés.  Son esprit s’évada vers un pays qu’il avait découvert l’été précédent : le Vietnam.  « Ah, au moins ils n’ont pas besoin de chaudière » se dit-il en desserrant et resserrant les boulons, vérifiant les manomètres.  Eh oui, après ce périple sur le Mékong, fleuve commercial où sont proposés fruits et légumes de la région, où la découverte de nouvelles recettes de cuisine, de mets, d’épices activaient des nuits gastriques ininterrompues.  Il avait réussi, lors de courses faites récemment, à retrouver cette gourmandise de la mer, sauce au cognac fine champagne à 19.99€, au lieu de 21€, cabillaud, saumon, avec julienne de carottes, courgettes et fèves de soja. Oh, délice suprême ne pouvaient rivaliser avec ces mets vietnamiens hauts en couleurs, odeurs et si appétissants.  Mais il lui fallait revenir à cette fuite d’eau de la chaudière.  Avec acharnement et excellente conscience professionnelle, il réussit à trouver l’origine de celle-ci et changea le manomètre afin de régulariser le conduit d’eau.  Ah si on pouvait introduire quelques brassées de moha, graminée estivale pour l’interculture d’été et l’affouragement d’appoint, qui dispose d’une grande résistance à la chaleur et à la sécheresse, il n’y aurait plus de panne de fuite d’eau dans cette chaudière.  Fier de lui, il avait réussi à réparer cette sacrée chaudière qui servirait encore un hiver.  D’ailleurs, un sourire apparut au coin de ses lèvres en repensant à madame Monique Boquet, 29 Masorchia, 20111 Calcatoggio, qui en tant qu’artisan des concepts médiumniques, mettait à disposition ses années d’expériences, ses réflexions approfondies et son habilité à décoder des informations.  Elle lui avait prédit une profession chaleureuse, mystérieuse et efficiente.  N’était-ce pas le cas ?... La chaudière fonctionnait parfaitement !

    Patricia

 

L’austérité, c’est aussi la volonté de se restreindre.

Pour ce deuxième jeu, nous décidons en commun de deux interdits dans l’écriture: bannir la forme négative et bannir le masculin.


 

Nous y ajoutons une liste de verbes, recueillis par tableau tournant, à intégrer dans le texte

Chacune reçoit le début d’une 4ème de couverture, à charge de poursuivre le récit.

En cours d’écriture, des mots sont tirés du chapeau et doivent être placé dans le texte immédiatement (mots récupérés d’une autre animation d’écriture, rien ne sera gaspillé aujourd’hui !)

 



 

 

La seule chose qui lui paraissait essentielle, c’était de lui raser la moustache, pour cela elle devait manœuvrer avec finesse.  Sa chienne chérie, qu’elle avait récupérée à Venise, aboyait à tout-va.  La bougie qui éclairait l’alcôve, favorisait l’intimité.  Elle se mira trois secondes dans la glace de pied, cueilli une plume qui s’était hasardée dans sa chevelure.  Diable, ses chaussettes s’étaient tire-bouchonnées !  Pas étonnant, elle avait pagayé toute la journée dans la rivière et gardait en mémoire la troupe qui vendangeait dans les vignes en restanques de cette région de Toscane.     Annie

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

Arrivée là-bas, elle fonça vers les agences immobilières.  Venise était une envie.  Maintenant, sa boutique de fleurs est d’importance n°une.  Les visites l’ont exténuée, elle souffle la première bougie au coin de la rue en se promettant de ne plus picoler.  Elle doit raser les façades, fermer les portes et a dû empêcher une chienne d’aboyer tout au long de ses recherches.  Elle voit que des belles choses à vendre et en chaussettes, elle teste les tapisseries et essaye de refléter son image sans se noyer.

    Cécile

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

Élisabeth, son épouse, supporte cette situation depuis tellement longtemps qu’elle envisage sérieusement de nettoyer sa vie.  Crapahuter cette moitié très très loin, au-delà de Venise et de ses indigestes et abusives images idylliques.  Une tache sur sa vie, elle frise l’indigestion à chaque fois qu’elle se remémore cette union stupide.  20 ans qu’elle nage dans l’immonde !  Elle voudrait aboyer sa colère à la lueur de la bougie.  Et là, elle voit cette chose qui devrait être une épaule sur laquelle se reposer, ruminer sa haine.  Elle rêve de se fraiser une nouvelle vie, enfiler des chaussettes magiques qui la mèneraient sur une planète positive et 100 % féminine, loin de la haine et de la rancune.

    Françoise

 


 

 

 

 

 

 

 

Admirative de sa démarche, Virginie décida de faire de même.  Avant de dormir, elle écrira sur une feuille les activités marquantes de sa journée.  Elle repense déjà à Venise.  Cette soirée, elle s’éclaire à la bougie, après avoir randonné.  Elle décide alors de raconter toutes les belles choses qu’elle a pu admirer sur la route.  Tout en écrivant, elle déguste une bonne bière, ce qui la rend un peu soûle.  Elle s’endort avec ses grosses chaussettes.  Elle avait décidé de les enfiler après s’être rasé les jambes car elle avait froid et commençait à éternuer plus que de raison.

    Lucie

 

 


 

 

 

Elle va raser de près la sublime difficulté.  Elle va faire une randonnée de l’extrême pour l’époque et Venise, peut être juste après, pour se reposer.  Elle va pouvoir, sur les pentes, hurler et embellir à l’aide de bougies, sa passion.  Puis, à la redescente, elle peindra tranquillement en regardant les petites filles pêcher.  Elle bonifiera sa merveilleuse randonnée bien accompagnée et sécurisée dans ses chaussettes épaisses.

    Marie-Jo

 

 


 

 

 

 

 

 

 

Elle range sa robe, sa parka et ses petites culottes dans sa valise, regarde une dernière fois sa petite maison charmante et se décide à partir.  La voilà arrivée à la gare de Sydney et cherche une manière d’aller à Venise où sa moitié vient d’être mutée.  La préposée, qui boit sa tisane derrière la vitre de protection, a allumé une bougie pour bien attirer la clientèle.  Mais quand elle la voit s’approcher, elle aboie sur elle : « ce n’est pas à la gare que vous devez prendre votre envolée, mais là-bas, près de la piste. »  Il se met à pleuvoir.  Lily Mason regarde où elle pose ses bottines neuves car elle ne veut pas mouiller ses chaussettes.  La préposée de la gare la regarde et admire sa marche élégante.  Mince, une flaque !  La voilà enduite de boue de la tête aux bottines.  Lily n’est plus si élégante.  Arrivera-t-elle à prendre cette feuille numérisée qui la conduira vers sa douce moitié avec une brassée de fleurs ?

    Odile
  

 


 

 

 

 Dans cette période encline à étouffer l’expression féminine, la volonté d’affirmation sportive et aventureuse de Quitterie démontre que l’essence de la femme est une ressource de combativité.  Elle tire celle-ci d’une énergie acquise au cours des années et de sa dernière aventure à Venise.  Elle dessinera, par la suite, cette merveilleuse ascension.  Difficile, car de nombreuses difficultés seront à surmonter, briser la glace, escalader des parois gelées, raides, abruptes.  Puis, plonger dans une crevasse où elle s’arrêtera in extremis.  Transie de glace, elle réussira à sortir une bougie et une allumette du fond de sa besace.  Elle cultivera une attitude de patience, résignée et obstinée.  Son amie guide, Gabine,  s’inquiétant de son absence, viendra la délivrer avec leur chienne, Leïka, qui aboiera dès qu’elle sentira son odeur.  Tout se terminera bien.

    Patricia

 

 

Pour finir, une poésie sous forme de pantoum.

La 1ere phrase est imposée, les 2ème et 4ème sont tirées au sort : une injonction austérité et une injonction santé.

 

austérité, caractère de ce qui est sévère

manger moins de viande

c’est à ce jour que cela s’avère

ne pas faire d’efforts physiques intenses

 

manger moins de viande

pas facile quand tu es grande

ne pas faire d’efforts physiques intenses

c’est encore une sacrée sentence

 

pas facile quand tu es grande

de courir sur cette lande

ne pas faire d’efforts physiques intenses

austérité, caractère de ce qui est sévère

    Annie

 

 

austérité, caractère de ce qui est sévère

éteindre la WIFI la nuit

mais oui c’est un réflexe

éviter de manger trop gras, trop sucré, trop salé

 

éteindre la WIFI la nuit

et faire de beaux rêves

éviter de manger trop gras, trop sucré, trop salé

rester mince et fière

 

et faire de beaux rêves

relever la tête

rester mince et fière

c’est devenu une devis

austérité, caractère de ce qui est sévère

    Cécile

 

 

austérité, caractère de ce qui est sévère

laisser la voiture au garage

et courir sur les trottoirs

éternuer ou tousser dans le plis de son coude

 

laisser la voiture au garage

pédaler comme un fou et sans peur

éternuer ou tousser dans le plis de son coude

mais respirer comme au premier jour

 

pédaler comme un fou et sans peur

ne plus vouloir s’arrêter et foncer

mais respirer comme au premier jour

croire que tous les possibles sont arrivés

 

ne plus vouloir s’arrêter et foncer

refuser de tomber et s’accrocher

croire que tous les possibles sont arrivés

austérité, caractère de ce qui est sévère

    Françoise

 

 

austérité, caractère de ce qui est sévère

mettre un pull à col roulé

ne manger qu’un gâteau par jour

mouiller sa peau plusieurs fois par jour

 

mettre un pull à col roulé

mettre des sous de côté

mouiller sa peau plusieurs fois par jour

ne pas oublier de dire bonjour

 

mettre des sous de côté

regarder celui d’à côté

ne pas oublier de dire bonjour

mais chanter jusqu’à la fin du jour

 

regarder celui d’à côté

se moquer de lui si ça te plaît

mais chanter jusqu’à la fin du jour

t’occuper de tes sous toujours

 

se moquer de lui si ça te plaît

même si son regard est sévère

t’occuper de tes sous toujours

austérité, caractère de ce qui est sévère

    Marie Jo

 

 

austérité, caractère de ce qui est sévère

consommer local et de saison

ron, ron petit patapon

ne pas rester en plein soleil

 

consommer local et de saison

manger des potirons et pas de moutons

consommer local et de saison

se goinfrer de groseilles

 

manger des potirons et pas de moutons

austérité, ou riz et du thé

se goinfrer de groseilles

pour ne pas paraître sévère

 

austérité, ou riz et du thé

se balader, se balader

pour ne pas paraître sévère

boire à la bouteille

 

se balader, se balader

avec un mouton, un grognon, des couillons

boire à la bouteille

avec mon amie Mireille

 

avec un mouton, un grognon, des couillons

manger des bisons en plein hiver

avec mon amie Mireille

austérité, caractère de ce qui est sévère

    Odile

 

 

austérité, caractère de ce qui est sévère

régler le chauffage à 19° maximum

entoure-toi de chaleur amicale

utilisez une brosse à dent à soie souple

 

régler le chauffage à 19° maximum

approche toi de la flamme rougeoyante de la cheminée

utilisez une brosse à dent à soie souple

chante et danse la joie pour te réchauffer

 

approche toi de la flamme rougeoyante de la cheminée

prends un bon grog chaud sucré et parfumé à souhait

chante et danse la joie pour te réchauffer

respecte les consignes données en souriant et en te cachant   dans un édredon de plumes

 

prends un bon grog chaud sucré et parfumé à souhait

un pull, ou deux, faits le bonhomme de neige

respecte les consignes données en souriant et en te cachant dans un édredon de plumes

l’austérité impose la postérité caractéristique de répétitivité

    Patricia

 

   

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