le 15 juin 2023: l'objet

chaque participant est venu accompagné d’un objet qui est important pour lui.

Les objets sont posés au centre de la table, sans aucun commentaire.

Afin de récolter des mots qui seront utilisés plus tard dans l’atelier, chacun va écrire sur un « papier tournant » et en pensant à son objet : un animal, un endroit, un objet, une couleur et une époque.

1er jeu : en silence, chacun choisi un objet. Sans le nommer, nous allons lui écrire une déclaration (d’amour, d’indifférence, de haine, …).  Le but est de faire deviner cet objet, mais pas trop vite. Bref, un art subtile d’en dire assez mais pas trop…

à l’issue de la lecture de toutes ces déclarations, nous nommerons tous ces objets.  Il y a donc :

la rose, le fusil-harpon, le bracelet de perles, le bijou de l’île de Pâques, le missel, le permis de conduire, le petit galet, le porte-poids de la vie, le souvenir de Maurice (de l’île), l’oreiller.

 

Avant de plonger dans les rêves, j’ai besoin de te respirer, de retrouver l’odeur des nuits passées, celles que laissent les voyages heureux.  Quelque fois, l’odeur amène des cauchemars, va troubler quelque peu mon lâcher-prise, alors je te honni.  Malgré cela, tu sais être le fidèle compagnon souple et doux que je peux prendre dans mes bras en saison de solitude.  Et pour cela, je te vénère, tu es irremplaçable.  Annie

 

J’imagine que tu as voyagé longtemps, pour arriver ici, dans nos belles montagnes vertes.  Peut-être que quelqu’un t’as vu là-bas, si loin de la France, et s’est emballé à la vue de tes formes subtiles, mystérieuses et exotiques.  Maintenant que tu es ici, j’espère que secrètement, sans rien dire à celle qui t’a choisie, tu t’échappes à tout petits pas pour rêver devant nos sommets, avant de retourner chez elle et te préparer à embellir sa journée.  Candy

 

Tiens, te revoilà !  Depuis tout ce temps que je ne te voyais plus, je me demandais bien où tu étais passé.  Je ne t’ai pas trop manqué ?  Non, je ne pense pas.  Alors, tu reviens donc !  Tu as pris des couleurs… ça te va bien la couleur café.  Tu te souviens, dans la vague, je te prenais dans ma main et t’envoyais sur l’eau où je me régalais de te voir faire des ricochets. Et, curieusement, je te retrouvais à mes pieds parmi d’autres de tes congénères.  Et je me posais alors parmi vous, les uns tout ronds, les autres tout plats, plutôt noirs ou gris.  Mais toi, reconnaissable entre tous, plat et un peu arrondi, couleur beige plutôt et maintenant franchement marron.  Le soleil bien sûr !  Merci de t’être souvenu de nos moments et d’être revenu me les raconter.  Christian

 

Depuis toujours, je t’aime !  Du moins, d’aussi loin que je me souvienne car il est bien connu que les tout-petits, parfois, craignent ta venue.  Moi, je t’adore.  Quoiqu’il puisse se passer dans la journée, je sais que finalement c’est toi qui seras à mes côtés. Et souvent même, quand je suis en prise avec des contrariétés, je ferme mes écoutilles et je pense à toi, viens me sauver !  Mais je dois être raisonnable, je ne peux te rejoindre avant 21h.  Enfin, quand je te retrouve, je te tripote et te mets en place. Alors seulement, je pose mon oreille tout contre toi et tu me murmures des mots doux, toi la porte du sommeil où tout est permis.  Françoise

 

Tes branches se tournent vers moi.  Lors de la pluie, tu t’ouvres encore plus et la chaleur qui suit l’orage te permet d’exploser.  Tes pétales sont alors si doux qu’ils me caressent lors de mon passage près de toi.  Ma mère t’aimait en blanc, moi je te préfère en rouge, mais le rose te va bien aussi.  Belle fille du jardin, je te sens depuis ce matin.  Héraldine

 

Que ta douceur est réconfortante quand j’y dépose mes soucis et que tu m’apaises.  Puis tu garderas tous mes rêves au fin fonds de tes plumes.  Parfois, une s’échappe emportant l’un d’eux.  Martine

 

Toi, qui m’a sauvée plus d’une fois.

Toi, qui est l’objet des musclés bronzés.

Toi, qui permets d’aller farfouiller dans les rochers.

Toi, qui a besoin d’élasticité pour démarrer.

Toi, qui me fait penser à celui que j’avais et qui m’a permis de rentrer dans le cercle des musclés bronzés.

Toi, grâce à qui j’ai pu régaler la table familiale.

Toi, qui n’a pas ton pareil pour débusquer octopus et murènes.

Toi, qui n’es pas une arme de guerre mais une arme de chasseur-cueilleur.

Toi, toi, toi, là sur la table, tu es pitoyable.  Tu aurais besoin d’un bon lifting pour repartir dans la grande bleue.  Odile

 

Chère Mignonne,

auréolée, tu enjolives mes journées.  Belle robe éclose, au lever du jour, tu t’épanouis sous le soleil de midi. 

Fière, à la fois fragile, tu répands ton odeur parfumée, si délicate.  Tu connais à la fois douceur veloutée, mais sait être piquante dans ta défense.

Fière, digne, fragile à la fois, tu embaumes mes sens et fait frémir mes narines.  Tu m’emportes au loin dans ce tourbillon de volupté de mille fragrances subtiles. Vivre l’instant éphémère, court mais si puissant dans ton existence.  Je n’oublierai pas ce moment exaltant, cette rencontre fugace et inaltérable.  Patricia

 

Comme elle est loin la plage d’où tu viens.  Les vagues, au fil des marées, ont roulé mille et mille fois tes faces, arrondit tes angles pour que, de roche tu deviennes pierre, puis un jour peut-être te transformer en pierre précieuse.  Mais c’était sans compter sur la vague scélérate qui te jeta au loin et que le soleil de midi te fasse briller de si belle façon que la petite fille, qui pêchait les coquillages, tomba en amour pour toi.  Désormais, moins salée, moins étincelante mais toujours si précieuse, tu trônes, talisman de ses nuits, sur la table de chevet de l’enfant.  Valérie

 

 

2ème jeu : En s’inspirant de Charles Fourier, nous inventons des « anti » et en donnons une définition.

 

L’ANTI-ROSE :

A un parfum toujours magnifique, pas d’épine et fleurit toute l’année. (Odile)

Plante commune et envahissante, connue pour son parfum fétide et sa sève mortelle.  Peut être utilisée pour les bouillons de minuit. (Valérie)

Ortie vénéneuse qui s’attaque à tous ceux qui voudraient la toucher, voire l’approcher. (Christian)

 

L’ANTI-FUSILS HARPON :

Servira sur la plage à harponner l’amour de sa vie, flèche douce trempée dans l’élixir d’amour, prêtée par Cupidon. (Martine)

Canne porte-appât pour attirer l’amour de celui qui est à l’autre bout. (Valérie)

L’oreiller qui accueille avec bienveillance tous les petits poissons en quête d’un lieu paisible. (Christian)

Instrument marin avertissant tout animal aquatique de la présence envahissante et destructrice humaine.  Permet à l’être ciblé de s’échapper, de se cacher dans les fonds marins sans être importuné. (Patricia)

 

L’ANTI-BRACELET DE PERLES :

Un serre-joint très utile quand les diamètres sont très gros. (Annie)

L’anti-bracelet de perles orne les chevilles d’hommes et femmes, abolit le genre des humains. (Odile)

Un objet dangereux dont il faut se méfier, car, une à une, les perles qui entourent le poignet fondent et entrent doucement dans les veines où elles redeviennent des poissons minuscules qui visent le cortex cérébral et s’y attachent pour tout manger avec leurs petites dents aiguës. (Candy)

Objet permettant de dénombrer les jours dans un système binaire de couleur froide, incluant un caractère régénérateur et émetteur de communication consciente, pragmatique, logique, où l’émotion, les sentiments, sont relégués dans les abimes profondes de l’océan. (Patricia) 


L’ANTI-BIJOU DE l’ÎLE DE PÂQUES :

Très en vogue à Saint Pierre et Miquelon où les habitants n’ont jamais accepté d’être dans l’hémisphère Nord. (Françoise)

 

L’ANTI-MISSEL :

Devient sous notre égide le livre des rapports amoureux. (Annie)

Recueil de sortilèges menant le lecteur au chaos mental mais également source de libération individuelle pour qui sait s’en affranchir. (Valérie)

Le livre de Fantômas qui est en quelque sorte l’histoire d’un démon moderne. (Christian)

Recueil de rêves fous, de désirs interdits, d’envies d’assassinat.  Il se brandit dès que les idées toutes faites et les dogmes deviennent trop lourds. (Françoise)

 

L’ANTI-PERMIS  DE CONDUIRE :

Cet objet datant du siècle dernier était délivré lors de la naissance et donnait la possibilité à l’enfant de faire des bêtises sans être grondé.  La validité était de 7 ans, après quoi le dit enfant ne devait plus en faire (des bêtises) étant parvenu à l’âge de raison. (Héraldine)

L’anti-permis de conduire va définir les capacités culinaires avec des pénalités en cas d’indigestion. (Annie)

L’anti-permis de conduire sera attribué au piéton qui aura une conduite impolie envers l’automobiliste qui ne sait se servir que de sa voiture pour se déplacer. (Martine)

Permet à celui qui le détient d’arpenter le monde sans émission de CO2. (Odile)

Un certificat obtenu après beaucoup de tests difficiles pour permettre à la personne concernée de rester chez elle en toute sécurité, en toute sérénité et bien au chaud. (Candy)

 

 

L’ANTI-PETIT GALET :

Devient le bonbon inusable réunissant toutes les saveurs les plus délicieuses. (Annie)

Est capable de grossir et de s’adapter à toutes les constructions. (Odile)

Silex tranchant et pointu, façonné pour, par sa pointe, combattre l’adversaire. (Christian)

 

 

L’ANTI-PORTE-POIDS DE LA VIE :

Devient une petite roue qui nous emmène très loin dans les étoiles. (Annie)

Objet qui ferait léviter, dans un arc-en-ciel, soucis et déboires. (Odile)

Sorte d’aimant à bonheur, trou noir menant aux enfers pour celui qui regarde à travers son trou.  Peut rendre débile s’il est porté sur le dessus de la tête. (Valérie)

Il se met sous les pieds et permet de rentrer sous terre quand plus rien n’est acceptable. (Françoise)

 

L’ANTI-SOUVENIR DE MAURICE :

Intervient à un âge que l’on espère avancé, quand Maurice se mélange complètement et ne se souvient de rien du tout. (Françoise)

 

 

L’ANTI-OREILLER :

Permet aux ouvriers d’exercer un droit de retrait et de pouvoir se reposer 2 à 3 fois dans la journée, lorsque le besoin s’en fait sentir. (Héraldine)

Pour mettre au boulot tous les fainéants allocataires du RSA. (Odile)

Rocher dur qui roule sur les pentes montagneuses et écrase tout sur son passage, tel Attila dans les plaines du Caucase. (Christian)

Conseillé pour tous les pisse-froid qui n’ont pas compris que le vrai sens de la vie se trouve au lit. (Françoise)

 

 

3ème jeu : Nous écrivons à la suite d’un incipit dûment complété.  Dans notre texte, doivent apparaitre (écrits ou suggérés) les 5 mots relevés en début d’atelier, ainsi qu’une phrase (la même pour tous) issue du 1er jeu. 

 

« Avec le prêt sur gage, obtenez un prêt en déposant un objet de valeur. »  C’est ce que je fis en déposant un oiseau lyre.  Mais, à ma grande surprise, en échange, le guichetier me remit des rillettes du Mans. « Toi qui as besoin d’élasticité pour démarrer », il m’a assuré que c’était une spécialité comestible tout à fait délicieuse à base de porc et m’a dit que c’était le seul objet qu’il donnait en échange des oiseaux lyre.  Ce mélange, serti de rose, ne m’inspirait qu’une confiance limitée.  Je lui fis part de ma déception et lui suggérais de me donner plutôt un anti-galet.  « Il n’en n’est pas question » me dit-il, avec une flamme singulière dans les yeux.  Nous étions au printemps, c’est une saison qui me rend joyeuse. Je ne voulais pas le froisser, mais quand même, me balancer des rillettes alors que je ne mange pas de porc !  Je l’ai donc menacé de l’anti-permis de conduire avec pénalités en cas d’indigestion.  Annie

 

« Avec le prêt sur gage, obtenez un prêt en déposant un objet de valeur. »  C’est ce que je fis en déposant le bijou de l’Ile de Pâques.  Mais à ma grande surprise, en échange, le guichetier me remit un chat énorme et grincheux.  Puisque je devais partir pour Biarritz sans tarder, j’ai mis un collier de perles autour de son cou poilu et l’ai posé dans mon sac à dos vert et suis montée dans le train. Mon nouvel animal de compagnie n’était vraiment pas sympa. Il miaulait et me griffait.  Alors, comme il y a 21 ans, j’avais de nouveau envie de lui dire, en langue de chat bien entendu parce que c’était important qu’il comprenne bien : « toi qui as besoin d’élasticité pour démarrer, je vais te jeter par la fenêtre ».  J’espère que ce chat a pu atterrir doucement sur ce porte-poids de la vie qui, je sais, se trouvait sur le bord des rails.  Le chat était embêtant, mais je ne lui voulais pas de mal, je voulais simplement être tranquille.  Candy

 

« Avec le prêt sur gage, obtenez un prêt en déposant un objet de valeur. »  C’est ce que je fis en déposant un galet.  Mais à ma grande surprise, en échange, le guichetier me remit un jade. Ҫa alors ! Une pierre de si peu de valeur contre mon galet recueilli un soir d’été, sous la lune qui plus est.  Mon petit caillou, qui m’était si chers, avait été roulé par l’océan et avait parcouru toutes les plages du monde, froides ou ensoleillées.  Mon petit galet roulant dans la grande bleue et qui avait échoué là, près de moi, moi qui avait pris tous les risques pour le sauver des pattes d’un lièvre aux grandes oreilles.  Mais dis donc, vilain animal, veux-tu partir bien vite ! Sinon, toi qui as besoin d’élasticité pour démarrer, j’envoie à tes trousses la tortue mon amie.  Et ce méchant prêteur qui ne m’en donnait que la valeur d’un jade.  C’était en 1975, et je m’en souviens comme si c’était hier.  Alors, je repris mon petit galet, et fis fi de son vilain jade !  Christian

 

 

« Avec le prêt sur gage, obtenez un prêt en déposant un objet de valeur. »  C’est ce que je fis en déposant mon petit frère.  Mais à ma grande surprise, en échange, le guichetier me remit un anti-petit frère.  Il aurait été d’usage de me donner une tortue ou un trident, mais pas un anti-petit frère !  En venant là, je voulais me débarrasser d’un petit frère encombrant, et voilà que je récupérais un vieux bonhomme appelé Maurice, tout fripé et tout blanc.  Ne connaissant pas l’usage que je pourrais en faire, le guichetier m’apprit que l’anti-petit frère, né au début du 20ème siècle, était un compagnon sans pareil pour rendre la vie plus douce à celui qui le possédait. Il avait été abandonné par son précédent propriétaire qui, malgré les facéties de Maurice, ne supportait plus le poids de la vie.  Je réfléchi et compris que pour moi qui avais besoin d’élasticité pour démarrer mes journées, la présence de Maurice faciliterait certainement le quotidien. Nous partîmes bras dessus bras dessous sur les trottoirs de Bobo-Dioulasso, lui me racontant comment il avait échappé aux chutes d’anti-oreillers dans les montagnes du Caucase et moi suçant des anti-galets.  Finalement, rien ne vaut une vie en anti !!  Françoise

 

« Avec le prêt sur gage, obtenez un prêt en déposant un objet de valeur. »  C’est ce que je fis en déposant une rose.  Mais à ma grande surprise, en échange, le guichetier me remit des sacs d’amandes.  Je sortis avec les sacs et repartis vers mon chariot.  A ma grande surprise, la famille de chacals (dit-on « chacaux » ?) rencontrée dans la forêt, avec mon anti-harpon, m’attendait sagement.  Nous étions sur la presqu’île et il me fallait rentrer pour le diner.  Je me mis en route, me demandant comment j’allais faire avaler à mes enfants les kilos d’amandes obtenues chez le préteur.  En chemin, j’échangeais deux sacs contre une couette moelleuse et blanche.  Puis, un peu plus loin, je rencontrais un marchand de fruits avec qui je pu également faire du troc.  J’étais rassurée car j’avais besoin de ramener des aliments.  Toute la famille m’attendait, les grands et les petits, et même les chacals (chacaux ?) qui avaient besoin d’élasticité pour démarrer.  C’est alors que j’entendis une fanfare au lointain.  Je vis une meute de gens arriver vers moi, des paysans et des ouvriers.  Je leur demandais où ils allaient.  L’un d’eux me répondit : « à la Bastille ».  Je ne compris pas sa réponse et continuais mon chemin.  Arrivée à la maison, je demandais quel jour nous étions et mon fils me dit : « on est le 14 juillet » (1789).  Je poursuivi mon rangement et couru rejoindre mon frère qui avait démarré le fauchage du champ.  Il était grand temps de poursuivre ce travail, la pluie menaçait et nous avions encore deux parcelles à finir.  Héraldine.

 

« Avec le prêt sur gage, obtenez un prêt en déposant un objet de valeur. »  C’est ce que je fis en déposant mon bracelet de perles.  Mais à ma grande surprise, en échange, le guichetier me remit un thon Bonite vivant !  Je courus à l’église car ce poisson devenait de plus en plus vert.  Le prêtre me remit un missel dans lequel je compris cette phrase : « Toi qui a besoin d’élasticité pour démarrer ».  Vite, je pris mon anti-permis de conduire et couru à la plage.  Je démarrai donc sur les chapeaux de roue, euh de basket.  Ouf, le thon reprit ses esprits dans cette mer.  D’un coup de nageoire il était loin, retrouva la tortue de l’Ile Maurice.  Quel souvenir de cette année de mes 18 ans.  Ce souvenir ressurgit quand, installée dans le hamac sous les cerisiers du jardin, des pétales blancs s’envolant me rappellent l’écume blanche de la mer où mon thon Bonite retrouva son amie la tortue mauricienne.  Martine

 

« Avec le prêt sur gage, obtenez un prêt en déposant un objet de valeur. »  C’est ce que je fis en déposant le missel de mon grand-père.  Mais à ma grande surprise, en échange, le guichetier me remit un abricot.  Quel monstre !  Moi qui ai horreur des fruits !  Je jetai l’abricot dans la mer et, à ma grande stupeur, il se mit à ricocher comme un petit galet.  Vous savez, ce petit galet ocré trouvé sur le sable par Christian.  Je suivais des yeux ses bonds et rebonds, mais où donc allait-il comme ça ?  Est-ce un anti-abricot qui m’obligeait à ouvrir ma vision du monde au-delà de l’horizon ?  L’anti-horizon plutôt car au bout de sa course, j’avais compté 1947 ricochets, je voyais maintenant l’Ile de Pâques.  Si j’avais gardé mon missel, je pourrais au moins psalmodier la liturgie de Pâques.  Mais à part les cloches de Pâques, rien ne me revenait, j’étais sonnée.  C’est alors que là, les pieds dans le sable, je reçu une flèche d’un anti-fusils-harpon.  Une rose se planta dans la paume de ma main et me dit : « toi, tu as besoin d’élasticité pour démarrer ».  Odile

 

 

Patricia a choisi de ne pas écrire les mots imposés mais de les suggérer (chien, Inde, levier de vitesse, bleu, 15ème siècle).

« Avec le prêt sur gage, obtenez un prêt en déposant un objet de valeur. »  C’est ce que je fis en déposant mon scooter.  Mais à ma grande surprise, en échange, le guichetier me remit un anti poids de la vie.  Déconcerté par cette contrepartie, je tournais, retournais cet objet en me demandant quelle fonction j’allais lui attribuer.  Peut-être aller au bout de mes désirs, voyager en montgolfière avec mon fidèle compagnon à quatre pattes.  Joyeuse compagnie, affection garantie, je m’affranchis de toutes ces formalités matérielles inhérentes à la préparation de mon fabuleux voyage.  Après quelques douleurs, mon anti-poids de la vie allait m’alléger de la gravité terrestre et me permettre de m’envoler dans mon panier réchauffé.

Au diable l’objectif du voyage, je mettais le cap à l’Est, vers ces terres de rêve, de contes des Mille et une nuit, où tout est démesuré, où le sacre de la vache ternit la fidélité de l’ami de l’homme le plus sincère.  Toi qui as besoin d’élasticité pour démarrer, alléger l’air du ballon afin de t’élever dans les hautes sphères, n’oublie pas le levier de vitesse car sinon tu resterais cloué au sol.

Dans l’immensité bleue du ciel, s’élève enfin mon aéronef, et au gré des vents, des jours, des courants, me voici projeté dans une autre époque, dans un autre monde aux senteurs épicées.

Mais que l’atterrissage fut à la hauteur de ma déception! Je me réveillai dans mon lit, en bénissant mon anti-poids de la vie qui m’avait peut-être épargné bien des soucis en me faisant apprécier l’adage bien connu « l’anti-oreiller se révèle une valeur sûre bien au fond de mon lit douillet ».  Patricia

 

 

« Avec le prêt sur gage, obtenez un prêt en déposant un objet de valeur. »  C’est ce que je fis en déposant le coffret de couverts en argent offert dans mon trousseau de mariage.  Mais à ma grande surprise, en échange, le guichetier me remit une lampe à huile orientale.  « Je vois que vous portez un anti-bracelet de perles ».  Abasourdie, je restais plantée là, ne sachant que faire de cet objet, mon regard allant des perles fantaisies sans valeur aucune à la lampe cuivrée, digne des contes des Mille et une nuits.  Soudain, un oiseau voleta autour de moi et, prise de peur, j’agitai ma main pour le chasser.  Il s’accrocha au bracelet qui se rompit, éparpillant les perles autour de moi.  L’oiseau, natif de cette île paradisiaque, qui savait parler car c’était un ara, me dit : « Range vite ces perles dans la lampe, ceins tes reins d’un pagne et frotte le corps de la lampe en te trémoussant, tes vœux seront exaucés. »  Complètement ahurie, j’obéis toutefois et mis une à une les perles dans la lampe en les glissant par son bec effilé. Je vins alors à effectuer la seconde partie des instructions.  J’étais tout de même en ville au milieu du marché, parmi des centaines de personnes. Fallut-il que je sois dans le besoin pour me ridiculiser ainsi.  J’avisai un grand homme noir qui vendait des articles africains sur un étal à même le sol.  Au milieu d’authentiques Rolex et d’I phones quasi neufs, un pagne jaune fluo n’attendait que moi.  Je m’en emparai, l’enroulai autour de ma taille et entamai une danse tribale, tout d’abord de type irlandaise tant j’étais empruntée, mais qui devint peu à peu plus fluide pour finir déchainée.  Toi qui as besoin d’élasticité pour démarrer, tu es servie !  La lampe chauffa, les perles qui teintaient devinrent de plus en plus liquides pour finir par gicler tout autour et pénétrer ma peau.  Le sortilège ne fonctionna pas comme je m’y attendais mais fut un antidote à ma vieillesse.  Je me retrouvai assise par terre, en langes d’enfant.  J’étais désormais à l’abri de mes préoccupations financières.  Valérie


 

 




 



  


 

 

 

 

  

 


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