25.03: Pierre Magnan, L'amant du pèbre d'âne


J’ai envie de vous parler  d’un livre que je viens de relire il y a peu au sortie d’une grippe.  Je l’avais lu il y a longtemps , mais j’ai eu une autre approche à cette  seconde lecture . Je  l’avais aimé auparavant pour le pittoresque l’humour,   Il s’agit de « l’amant du pèbre d’âne » de Pierre Magnan, dont j’avais apprécié les précédents livres sur les enquêtes de l’inspecteur La Violette,  livres amusants pour la détente. L’auteur  mort il y a 6 ou 8 ans était  assez âgé quand il a  décrit dans « l’amant du pèbre d’âne » un monde fusionnel alors avec la nature de son pays des «  basses-alpes » ( appellation alors de la haute Provence). Il y raconte   son enfance adolescence jeunesse à Manosque,  se laissant  aller à la nostalgie. Pourtant  ce lointain univers  n’était pas facile, la mort était omniprésente.  Paradoxe, il y regrette dans ces pages  la vie d’antan ou du moins regrette-il la saveur des  impressions dans l’insouciance des premiers années. Au fil du temps, il énonce ses réflexions sur la  mort. Son constat de précarité l’a préservé de toute ambition.  Très tôt  il  comprit qu’ambition richesse n’étaient que leurres. Il prit comme modèle sa grand-mère, femme  endeuillée de multiples fois et à qui  le spectacle de trois violettes sortant pour annoncer le printemps donnait un sourire lumineux.    Pierre Magnan  a enfermé le monde de son enfance dans ses livres.  Peut-être ai-je été  sensible à son univers parce que proche du mien par certains coté malgré une différence de génération. Les auteurs sont souvent «  à la recherche du temps perdu », « de leur temps perdu » ; oui les temps se perdent, on les retient par l’écriture. Le monde de Pierre Magnan à l’époque de sa jeunesse n’existe plus que par son livre, cela est précaire , car mêmes les livres ne sont pas immortels, puisque il est connu que les « civilisations sont mortelles ». Lors de l’instant présent, les enfants adolescents  semblent perdre leur temps à tout observer et ressentir, ils font provisions sans le savoir de souvenirs.
Apprendre la précarité de la vie est un exercice difficile. Les mondes s’engloutissent. s’ensevelissent les uns derrière les autres ; de plus en plus vite. La génération née après guerre est la dernière a avoir   connu  un lien avec la nature. Un  lien qui est en train de s’anéantir remplacé par  un monde que je ne sais ni nommer ni définir. Ce n’est pas un commentaire très gai que je vous envoie, peut-être est-ce à cause de ce temps de coronavirus où la fragilité de la vie est accentuée, peut-être aussi cela nous permettra-t-il de retrouver un  lien  plus respectueux avec la nature…  
Pierre Magnan n’ a été connu et reconnu que fort tard dans sa vie. Je vous invite à lire son œuvre si vous ne le connaissez pas, vous y puiserez un grand plaisir. 

Dominique Schwob


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