Un
atelier d’écriture directement inspiré par le titre du dossier d’un Philosophie magazine
1er jeu : spontanément, nous écrivons ce que nous entendons en nous téléportant dans 5 photos différentes.
1er jeu : spontanément, nous écrivons ce que nous entendons en nous téléportant dans 5 photos différentes.
Les mots sont récoltés et
redistribués au hasard. Ils doivent apparaitre dans le texte
Nous allons contacter le monde pour lui dire ce que nous
avons sur le cœur. MAIS, nous tombons
sur le message de son répondeur…
Et comme il faut rester sérieux, une des définitions du mot « résonance »
est coupée en autant de participant. Le
morceau reçu est donc à insérer dans notre texte
le petit
bout de définition :
Pour mieux vous servir, nos
bureaux sont ouverts du lundi au vendredi de 9h à 12h et de 14h à 19h. Nous
vous invitons à renouveler votre appel durant ces plages horaires. Merci de votre
compréhension, au revoir et à demain !
A 9h, le lendemain, je
retéléphone au même numéro. Une voix
grave me répond :
-
Que puis-je pour vous ma fille, soyez bénie.
Je reste abasourdie par cette
réponse et je lui demande à qui j’ai l’honneur.
-
Je suis le curé de la paroisse, me répond-t-il, et comme personne ne
fréquente plus mon église à cette époque, je travaille à mi-temps au service de
la banque pour pouvoir joindre les deux bouts à la fin du mois. Qu’est-ce qui vous arrive ?
- Je
suis accaparée par le BZZZ des financiers et je voudrais ne plus faire appel à
vos services. Quelles sont les démarches
à entreprendre ?
- Un
instant, répond le curé, je ferme la fenêtre pour ne plus entendre le bruit des
klaxons. C’est fait, je me vous
entièrement à vous comme les racines qui glissent vers l’eau. Quoi ?
Que dites-vous ? Oui, je crois que vous devez vous distancier de la
banque, vous promener dans la nature, écouter les abeilles bourdonnantes et
retrouver la voie du seigneur, ma fille !
- Quoi ? Mais je veux simplement changer de banque,
une conversion ne m’intéresse pas.
- Hélas,
répond le curé, ce n’est pas toujours le cas que les pendules oscillent de
concert, comme s'ils étaient liés par une barre rigide. J’aurais tant aimé vous convaincre, se
lamenta le curé
- Je
vais y réfléchir, ne vous en faites pas pour moi, je suis assez grande pour
suivre le chemin que je choisirai.
Sur
ce, j’ai raccroché, perplexe.
Anne
le petit
bout de définition :
Bonjour,
vous êtes sur la messagerie du Monde.
Étant actuellement en congé, je ne suis pas joignable par téléphone,
mais je vous rappellerai dès mon retour.
En cas d’urgence, vous pouvez toujours m’envoyer un mail et je tâcherai
d’y répondre rapidement.
Bonjour,
Je suis une de vos citoyennes et suis perdue dans une nature que je ne
reconnais plus. Je me trouvais dans un
champ de fleurs dans lequel j’entendais les abeilles butiner, je n’entends plus
aujourd’hui que le bruit des klaxons.
Alors que la forêt dans laquelle je me promenais était remplie d’arbres
majestueux et radieux, je n’entends plus que leurs pleurs me disant qu’ils ont
soif de toi. Là où autrefois de
magnifiques cathédrales s’élevaient vers le ciel, je n’entends plus que les
gospels du passé qui suintent des plâtres.
Et partout autour de moi le murmure des ordinateurs dans lesquels les
pendules oscillent en rythme, à la même fréquence. Que se
passe-t-il ? Est-ce la fin du
monde ?
Annie W.
le petit
bout de définition :
Bonjour,
vous êtes bien sur la messagerie de la Terre.
Je ne peux malheureusement pas prendre votre appel pour le moment.
Veuillez appeler mon collègue qui saura vous donner tous les renseignements
nécessaires.
Je
n’ai pas assez confiance en le Soleil, votre collègue, pour les renseignements
dont j’ai besoin. Il sera tôt ou tard responsable de votre disparition et de la
nôtre, par la même occasion. Je laisse
donc un message en espérant recevoir une réponse. Il se trouve que je prête l’oreille de plus
en plus souvent aux craquements à peine perceptibles du temps qui s’allonge
et qu’il me vient toujours à l’esprit des questions sans réponse. Vous êtes peut-être la seule personne à connaitre
la réponse. Même si d’un côté les
charmes de l’ignorance et la magie des mécanismes naturels me fascinent, dans
l’autre ils oscillent en opposition comme si le milieu du ressort avait été
fixé entre mon cerveau et un point d’interrogation. Ma tête fourmille d’une et mille questions,
même au milieu des conversations, et j’en viens à imaginer faire de la
spéléologie dans les méandres de mon crane pour retrouver le silence complet,
seulement brisé par le plic-ploc des gouttes d’eau. Pourquoi faut-il que chacun s’isole dans sa
bulle et oublie son environnement jusqu’à même oublier de prendre garde au silence
des abeilles d’à côté ? D’où
nous vient cette envie effrénée de tout comprendre jusqu’à en oublier de
s’interroger sur la valeur d’un mystère ?
Comment peut-on faire autant confiance au progrès jusqu’à oublier d’où
nous venons ? De quel droit la
modernité retire-t-elle aux mots leur valeur, leur puissance, leur
magie ??? Mais surtout,
trouverais-je un jour la plus grande question de ma vie, celle dont trouver la
réponse est soit impossible soit mortel…
Ayiana
Bonjour,
ici le Monde. Merci de votre appel. Je ne suis pas en mesure de vous répondre
pour le moment, étant fréquemment en rendez-vous client, mais laissez-moi un
message et je vous rappellerai très prochainement. Je vous souhaite une
agréable journée.
Merci
de vos souhaits d’agréable journée, mais vous m’étonnez ! Le monde a donc des clients ?! En vous appelant je ne pensais pas parler à
un monde marchand avec ses cliquetis de touches d’ordinateurs mais avec le
vent du soir et toutes ces oscillations libres, une somme de deux modes
propres correspondants et parallèles pourtant qui effectivement ne pourront
jamais se rencontrer car nos questions étaient toute autre. Quand j’entends le verre claquer, d’où
vient-il ? C’est tellement
différent du bruissement des chauves-souris ou le bruissement des
feuilles sous la patte des insectes. Décidément, nous ne devons pas faire partie du même monde ! Moi je vis plutôt dans un monde où les esprits
jouent entre eux dans le vent de la tempête.
Et quand je parle en face de la grande paroi verticale dans la montagne,
seul l’écho me répond dans une tonalité claire un peu adoucie pourtant
compte-tenu de l’éloignement. Votre
monde à vous me semble bien triste et je n’ai pas envie de vous demander
quoique ce soit, restez donc près de votre clientèle, pas la peine de me
rappeler !
Cécile
le petit
bout de définition :
Vous êtes en relation, avec les
Dieux du Monde. Nos services sont actuellement fermés. Nous vous invitons à
renouveler votre appel du lundi au vendredi, de 9 h à 12 h et de 14 heures à 18
heures. Vous pouvez découvrir nos compétences et nos différents domaines
d’intervention sur notre site internet. Merci et à bientôt.
Bonjour, j’aurais voulu des
précisions sur mon entrée dans le monde et surtout sur la route à prendre car
je ne suis pas encore venu au monde. Si
l’écho de mes pas se fait ce samedi, je n’aurai pas de réponse de votre part
d’ici là… et j’ai déjà peur des klaxons et des sirènes que j’entends de là où
je suis ! Donc, comment je
fais ? Je veux bien consulter
internet pour découvrir vos compétences, mais représentez-vous vraiment la
puissance calme dont je pense avoir besoin durant mes premières
années ? Ici, on dit beaucoup de
bien de vous, les Dieux du Monde et on m’a vivement conseillé de vous appeler
avant de venir. Il semblerait que vous
êtes des facilitateurs de vie. Mais
est-ce vrai ? C’est quoi ce
grésillement que j’entends sur la ligne ?
Allô ??? On dirait des cris écrasés, des BZZZ de bébés qui
voudraient faire le chemin en sens inverse et en sont empêchés… S’il vous plait, répondez-moi rapidement car
je prends la route très bientôt. Je sens
la moitié du ressort qui me retient ici accroître la raideur associée à chacun
de mes mouvements. Bon, je rappellerai
vendredi avant 18h, du moins si je ne suis pas encore en vie !
Françoise
le petit
bout de définition :
Ici
Dieu, bonjour. Nous ne sommes pas disponibles pour le moment : veuillez
nous laisser un message et nous vous recontacterons dans les plus brefs délais.
En attendant, vous trouverez de nombreuses informations sur notre site internet
ou sur notre page Facebook.
L’eau
ne coule plus dans les deux sens, amont, aval ! Le système est alors décrit, décrié, dénié
par les inclinaisons généralement distinctes des deux pendules que sont le soleil
et la lune. Mais comment faire semblant
d’être cet homme moderne, avec le cerveau qui chauffe, sans eau ? Bonjour ! Un réseau de canalisations où même nos
informations les plus précieuses, les plus intimes, où plus rien de rien ne
passe !!! Ciel ! Mon site bourse en ligne directe, mon site
adopte un mec point comme, mon site de face sans le look Dieu
Meetic ! Mes sites chéris et tous
mes contacts virtuels, tous, tous tombent à l’eau ! Enfin non puisqu’il n’y en a plus… de
l’eau ! Grands Dieux, au
secours ! Mon sang déshydraté lance
un fol bourdonnement des abeilles à mes oreilles qui n’en avaient plus entendu
voler une seule depuis des dizaines d’années ! Au secours ! Le ZZZZ des lumières
électriques a asséché l’encre de mon stylo plume en voie de
fossilisation ! Allô ! Dieu ?
Répondez non de Dieu ! Je
suis le seul de toute la lignée, tu sais, la lignée des hommes, des femmes, des
enfants… qui ne savaient plus s’aimer les uns les autres… Dieu !
Bordel de monde fini !
Réponds ! Je pressens, je
sens, mes os finir de se dessécher… et s’envoler… poussières dans le vent…
fleurissent, fleurissent, poussières dans le vent, c’est la fin de … ton temps…
Jean-François
le petit
bout de définition :
Bienvenue
chez Dame Nature. Nos services sont
actuellement fermés. Merci de bien vouloir renouveler votre appel dans le cadre
de nos horaires d’ouverture, du lundi au vendredi, de 7H30 à 19H00
Merci pour votre compréhension
Merci pour votre compréhension
Chère
maman nature, quelle tristesse de ne pas pouvoir converser de vive voix avec
toi. Dis, je peux te tutoyer ? J’aimerais te remercier pour tout ce que tu
es. Ta beauté, ta splendeur, la richesse
de tes paysages, de ta faune, ta flore, le monde minéral qui t’habite et bien
plus encore… Je suis tellement émue
quand je vois la perfection que tu créés en ton monde, qui mérite tant de
respect et d’amour inconditionnel. Nous
sommes si petits, tellement rien dans cet univers naturel, les doigts
agacés qui frappent la table en bois ou la peinture qui s’écaille dans
nos vieux immeubles au bord de l’abandon où l’on n’entend plus que le
grésillement des néons. Alors,
merci. Merci de nous apporter de si jolies fleurs et le bourdonnement des
insectes pollinisateurs qui les accompagnent dans une danse bien
orchestrée, à coup de BZZZ BZZZ où l’origine des deux types d’oscillations
devient évidente. Merci de changer
notre quotidien au cours des saisons, des jours qui raccourcissent, de la
température qui monte, de la neige tombant à gros flocons ; mais aussi par
la grande diversité de tes paysages. De
l’herbe sous nos pieds, des champignons dans la forêt, des randonnées dans la
montagne, un pré, un sentier, une dune cachant la plage et ta mer calme ou
agitée. En supposant les deux
pendules identiques, la marée parfois me fait penser au tic-tac d’une
horloge. L’horloge du temps que tu
laisses filer doucement. Tu sais, je ne
t’en veux pas quand tu te mets en colère.
Nous sommes si nombreux sur terre et quelle prétention aurions-nous de
te remettre en question ? Reste
comme tu es, sache que je te soutiens, je fais du mieux que je peux pour te
respecter et t’aimer comme il se doit, même si j’aimerais savoir être en plus grande
harmonie en ton sein. Comme entrer en résonance…
Lucie
Bonjour. Vous êtes bien en relation avec le répondeur
professionnel de Gaïa. Je suis
actuellement en déplacement. Vous
pourrez me recontacter dès demain 7h00 à ce même numéro. Vous pouvez également me joindre sur mon
portable ou vous pouvez contacter mon assistante personnelle. Je m’engage à
vous rappeler au plus vite.
Bonjour. Je suis mandatée par les vers de terre qui
courent sous votre croûte terrestre pour déposer auprès de vos services une
requête concernant les nuisances sonores auxquelles ils doivent faire face à
tout moment. Pourriez-vous mener une
action concernant les klaxons grinçants, la fréquence propre de leur
système fait de leurs corps annelés un pendule.
On pourrait dire une pendule, plus simplement en bon
français. Cela est extrêmement fâcheux
pour eux, les lombrics, car comme vous le savez c’est grâce à leur incessant
travail de creusement de votre croûte (vous devez d’ailleurs entendre les
débris qui tombent dans les galeries), c’est donc grâce au travail de
dentelière qu’ils effectuent que les fleurs expriment leurs odeurs. GAIA, ne vous cachez pas, montrez
votre professionnalisme ! Eux, les
vers de terre savent bien que vous êtes un Groupe Actif Inspiré Authentique. Vous vous présentez comme une personne seule
(je suis actuellement en déplacement…)
mais eux, les vers lombrics, savent bien que vous vous déplacez. Vous êtes plusieurs, car ils perçoivent le
bruit de vos chaises lorsque vous les remettez en place à la fin de vos
réunions. Vous pouvez, enfin l’un de
vous, me contacter au 07 45… en espérant que vous serez assez rapides, l’un ou
l’autre, car ils sont prêts à mener une action de forage de votre croûte qui risque
d’entamer l’action et l’authenticité de votre groupe.
Odile
Toutes nos lignes sont actuellement occupées, merci de
bien vouloir patienter, nous allons donner suite à votre appel
Quel
brouhaha encore dans votre téléphone ! Ça fait quinze jours que j’essaye de vous appeler mais toujours le BZZZ
BZZZ comme le bourdonnement d’une abeille qui veut s’échapper. La nuit ça me résonne dans les oreilles comme
les craies sur les ardoises ou comme la fourmi-cro-onde. Ce qui, comme il est précisé plus loin,
augmente la fréquence propre. Je ne dors
plus, je suis à bout de souffle dû à vos lignes actuellement occupées. Donc, Monsieur ou madame Orange, vous qui
êtes supposé être expert en téléphonie, SVP décrochez !!
Paul
2ème
jeu : spontanément, on écrit sur un petit papier LA chose qui pour
nous résonne. Les mots sont mis au
chapeau et seront tirés au hasard en cours d’écriture. Il faudra les insérer dans le texte le plus
vite possible.
L’incipit est issu d’un article de la revue, il traite de la mise en
pratique de la résonance.
Une phrase tirée du 1er texte, la même pour tous,
est à insérer au milieu du texte.
Nous sommes une petite dizaine à avoir quitté
l’entreprise au même moment, avec les mêmes insatisfactions, et nous sommes
partis durant un mois dans un Riad à Essaouira au Maroc pour se détendre et
pour se faire masser les muscles endoloris par de longues journées d’inactivité
physique dans l’entreprise, toujours courbés devant nos ordinateurs. Il n’y a pas de mots pour décrire ce malaise
qu’on ressentait durant ces longues années de travail. Depuis quelques jours, nous explorons notre
environnement. Demain, nous
participerons à une excursion dans le désert.
Le son de la prière du soir se répand au-dessus de la ville. En rentrant à l’hôtel, après avoir bu notre
thé à la menthe, je me casse le pied.
Dieu meetic, tout tombe à l’eau !
Je ne pourrai pas participer à l’expédition dans le désert. Un cor de chasse résonne dans le
lointain. Ce sont les chasseurs qui
reviennent des montagnes, fiers cavaliers avec leurs éperviers bien en vue sur
leurs mains gantées. Le mathématicien du
groupe me relève tout en calculant mes chances de pouvoir marcher. Je clopine en m’appuyant sur son épaule. Mais je ne m’étais jamais imaginé que les
tambours de l’amour résonneraient par ce simple geste. Le mathématicien resserre son étreinte et me
regarde dans les yeux langoureusement.
Toutes les blessures de mon enfance ressurgissent à cet instant. J’ai toujours combattu mes démons et à
présent je crois entendre l’écho de la délivrance. Mon corps se tend comme les cordes d’une
guitare, je prends conscience que je ne dois pas résister à ma nature
profonde. Je me mets à sangloter sans
pouvoir m’arrêter. Une cloche de vache me
tire de cet état mélancolique. Il va
falloir me reprendre sinon tout tombera à l’eau. Une sirène annonce l’approche de
l’ambulance. Le mathématicien me hisse à
bord avec beaucoup de précautions. Il
m’accompagne et ne me lâche plus d’une semelle.
Des sueurs froides m’envahissent.
A l’hôpital, on m’installe dans une chambre. Le lendemain je serai sur la table
d’opération. J’ai bon espoir de m’en
tirer.
Anne
Nous sommes une petite dizaine à
avoir quitté l’entreprise au même moment, avec les mêmes insatisfactions, et
nous sommes partis durant un mois dans un Riad à Essaouira au Maroc pour reconstruire
notre vie sur des bases plus saines. Les mots des grands philosophes devinrent
notre source de réflexion et nous les étudiions pour développer notre
« philosophie ». A la fin de
nos journées, le son de l’appel à la prière venait de la mosquée voisine et
nous incitait à la méditation. Nous
n’étions pas particulièrement religieux mais cette musique très proche de celle
d’un cor de chasse faisait vibrer en nous des émotions très fortes. Jean, le mathématicien du groupe, nous invita
à la numérologie, science (ou certains diraient plutôt philosophie) qui permit
à chacun de se projeter dans un futur en harmonie avec sa vrais nature. Lorsque les tambours de l’amour résonnèrent
pour Pierre, il rencontra une des servantes du Riad, nous pouvions dire « Dieu
Meetic tout tombe à l’eau » car une
vraie rencontre se déroulait sous nos yeux.
Sylvie quant à elle, directrice de notre ancienne entreprise, dut
apprendre à surmonter les blessures de l’enfance. Ceci faisait en fait écho à ce que nombre
d’entre nous avions vécus. Notre séance
de méditation se terminait chaque soir lorsque Ian jouait quelques douces notes
sur les cordes d’une guitare. Ce rituel
répété chaque jour nous amena peu à peu à nous rapprocher de ce que nous
pensions vouloir faire de notre vie.
Chacun allait prendre un chemin différent. Martine décida de devenir vachère et alla au
soute acheter sa première cloche de vache, un grand pas dans sa nouvelle vie ! Philippe décida de devenir pompier, répondre
aux sirènes et sauver des vies était sa vocation. Pour ceux parmi nous qui n’avaient pu réussir
à trouver leur carrière, nous repartions avec l’espoir d’y arriver.
Annie W.
Nous sommes une petite dizaine à avoir quitté
l’entreprise au même moment, avec les mêmes insatisfactions, et nous sommes
partis durant un mois dans un Riad à Essaouira au Maroc pour retrouver nos
esprits dans les non-vagues de la Méditerranée.
Loin des maux de notre quotidien, en cherchant l’essence même des mots
de ce même quotidien, vécu avec trop peu de conscience. Nous organisons donc un nouveau quotidien où
tout vient à l’improviste, où les heures remplacent les secondes qui avaient
perdu leur nature dans les chronomètres de nos aires civilisées. Nous sommes dix, mais nous pourrions être un
milliard tellement les particularités de chacun se multiplient. Dieu meetic, tout tombe à l’eau ; le
moule du système occidental, le lavage de cerveau de nos écoles vieux-jeu,
jusqu’à même l’opinion unique diffusée à grand renfort d’images. Chacun retrouve peu à peu le son unique de sa
propre voix intérieure et la paix calme à nouveau le tumulte des cors de
chasse. Il se pourrait même qu’avec ce
dépaysement quelque chose de tout à fait extraordinaire se rallume en nous, quelque chose que nous
avons tous enfoui, éteint ou oublié.
Cette étincelle dans les yeux du mathématicien passionné, ce geste
protecteur d’une mère pour son enfant ou encore le battement irrégulier d’un
cœur qui s’aligne avec les tambours de l’amour.
Ce qui serait trop de qualifier simplement de vie ? L’air frais et
iodé, le changement brutal de cap et cette envie de redevenir le capitaine de
notre existence nous fait un drôle d’effet et efface même les blessures de
l’enfance, celles qui même cachées sous de gros pansements nous font grincer
des dents. Est-ce ça la technique de résonance ou bien faut-il plutôt que nous allions chercher l’écho dans les
hauteurs de l’Atlas ? Il faut être
sur la même longueur d’onde pour pouvoir entrer en résonance. Le musicien te l’affirme prenant appui sur
les cordes d’une guitare, le poète l’imagine mais le controverse et enfin le
scientifique ajoutent un bémol d’interférence.
Est-ce possible qu’un monde, et une perception si différente, soit si
abordable et se cache dans la simplicité d’une cloche de vache ? Ou s’agit-il d’une très grande hallucination
collective, d’une réalité virtuelle qui ne durera que le temps d’un rêve dont
nous serons arrachés par les sirènes du réveil-matin ? Je garde en moi la saveur de l’espoir de
cette embarcation vers l’inconnu sur l’océan si bien cartographié de la
vie !
Ayiana
Nous sommes une petite dizaine à avoir quitté
l’entreprise au même moment, avec les mêmes insatisfactions, et nous sommes
partis durant un mois dans un Riad à Essaouira au Maroc pour oublier ce chef de
service pervers qui ne dit que des mots blessants à nous, ses employés. Nous en avons assez. Le grand chef, le patron donc, si nous lui en
référons, ne trouve rien à dire lui non plus et aboie comme un chien nous
traitant plus bas que terre. Alors, la
terre, nous allons allez la voir, la terre noble utilisée pour bâtir des
maisons sobres mais bien isolées de la chaleur et du froid de la nuit. Le son y est feutré à l’intérieur et nous
pouvons converser tout doucement sans avoir à faire appel à nos ordinateurs
laissés là-bas au bureau. Dieu Meetic,
tout tombe à l’eau car nous y avions cru !
Et le cor de chasse, comme nous appelions la voix tonitruante de notre
chef, ne résonne plus ici car nous sommes loin.
Loin de cette vie de labeur mal payé, sans aucun intérêt, et même le
mathématicien en chef nous approuve dans notre décision de partir. Lui le plus sympa et chaleureux mais qui
n’ose rien dire, un dégonflé en quelque sorte.
Les tambours de l’amour résonnent ici le soir au coucher du soleil
lorsque les femmes se rapprochent des hommes dans la tiédeur de fin de journée,
oubliant les blessures de l’enfance et se consacrant uniquement au moment
présent. Les voix montent, ensemble de
voix graves des hommes et l’écho de de celles des femmes, une soirée
accompagnée de notes sur les cordes d’une guitare qui fait vibrer tous les
sens. Cette soirée est belle, elle livre
à l’abandon, à la danse pour certains ou au sommeil pour d’autres. Le Maroc est de toute beauté, nous y sommes
bien, la chaleur du groupe est infinie même si au loin les cloches de vache
teintent légèrement. Mais elles sont
loin, l’herbe est rare ici. Nous en
avions aperçu l’autre jour, maigres mais belles comme des sirènes dans l’eau
des lacs de nos montagnes de France. Mais
la France est loin et nous ne voulons par rentrer. Une idée germe dans notre petit groupe de
femmes, une idée qui s’affine au cours des chaudes soirées d’Essaouira, un
espoir peut-être !... Celui de rester, ne plus revoir nos chefs ingrats et
pervers. L’idée de monter entre nous une
petite entreprise, bien-sûr il nous faudra un micro-crédit mais nous pourrions
développer ici notre savoir et le mettre au profit de tous et toutes. Le Maroc pourrait bien devenir notre terre
d’accueil et l’oubli le seuil de notre nouvelle demeure.
Cécile
Nous sommes une petite dizaine à avoir quitté
l’entreprise au même moment, avec les mêmes insatisfactions, et nous sommes
partis durant un mois dans un Riad à Essaouira au Maroc pour ouvrir le
Lavomatique du futur. Je suis la tête
pensante et le porte-parole du groupe car je maitrise l’art des mots. Dès le début de notre aventure nous nous
sommes heurtés à la question de savoir comment laver le linge sans eau. Deuxième soucis, quels vêtements laver dans
notre lavomatique sans eau ? Les touristes ne faisaient pas confiance à
notre méthode pas encore inventée et les sons entendus du côté des indigènes
nous laissaient penser qu’ils ne nous avaient pas attendus pour laver leur linge
sale. Aussi, en tant que tête pensante,
j’émis cette sublime maxime : « Dieu-Mythique, tout tombe à
l’eau » et comme il n’y avait pas
d’eau, Dieu resta debout. Il souffla
dans son cor de chasse et replaça le consumérisme au centre du Monde. Le lavomatique n’était pas possible, pas de
soucis, nous allions ouvrir une crêperie bretonne. Le mathématicien du groupe calcula le
pourquoi du comment. Le pourquoi sembla
rapidement perdre du poids, à un point tel qu’il se dessécha et tomba à
l’eau. Et comme il n’y avait toujours
pas d’eau, sa chute le tua. Il nous
restait le comment. Hélas, les tambours
de l’amour se firent entendre, la raison déraisonna, et la réflexion ne vint
pas à bout du comment. La crêperie
bretonne fut abandonnée pour une boutique de location de skis. Cette nouvelle idée répondait-elle au besoin
de voir ressurgir les blessures de l’enfance ? Nous formâmes un cercle de paroles pour
entrer en résonance avec nous-mêmes.
Des questions en ressortirent: qu’étions-nous vraiment venus chercher à Essaouira ? l’écho de nos vies passées nous mènera-t-il à
un futur plus constructif ? et finalement, le ciel d’Essaouira était-il
nécessaire à ce futur ? Les
autochtones avaient rejeté nos idées de laverie, de crêperie bretonne, de
magasin de location de skis… leur ingratitude semblait donner à nos actions
aussi peu d’intérêt que le pincement d’une corde de guitare. Finalement, la nostalgie du son des cloches
de vache fut la plus grande. Nous
quittâmes le bar du Riad et reprîmes le soir même le charter dans l’autre
sens. Nous rentrâmes à temps pour
réintégrer l’entreprise le lundi matin.
Pas mal ce petit WE à Essaouira.
Les sirènes de l’aventure retentiront pour d’autres qui garderont
l’espoir en un développement personnel plus abouti.
Françoise
Nous sommes une petite dizaine à avoir quitté
l’entreprise au même moment, avec les mêmes insatisfactions, et nous sommes
partis durant un mois dans un Riad à Essaouira au Maroc pour nager dans la
piscine aux microbes préalablement désinfectés et gentiment colorés au
Pernod-Ricard. Les mots nous viennent,
alcoolisés comme des noyés. Nous ne
savons plus si nous flottons nous même dans la fumée du cannabis. Canna, les noces en bois. Le son s’engloutit au fond de la piscine, on
ne trouvera pas d’âmes, que des ânes.
Enfin le doux plaisir de boire la tasse, enivrons-nous ! Au fond, en apesanteur, chassons la lourdeur
de nos corps, oui, jouissons du beau son du corps de chasse ! Dieux mythiques ! Tout tombe à
l’eau ! Même mon ordinateur avec
ses mots malvenus sur les mauvaises touches, a glissé lui aussi dans cette
fange jaunâtre, Pernod ou Ricard, je ne sais plus, dans et sur laquelle nous
nous ébrouons tous, hilares, soudards !
Ah ! Que c’est beau une entreprise où il faut boire la
tasse ! Même mon ami le plus
lointain, le mathématicien, en perd son latin ! Et quand nous n’avons plus d’argent pour
régler toutes les notes salées mirifiques du cinq étoiles riadicalisé, nous
repartirons à pied, en nous tenant tintinambulant encore sur les routes arides
des tambours de l’amour ! Nous
marcherons vers ces mirages scintillants au loin, quoi, déjà Ceuta et ses
barbelés ?! Hachés par eux, nous
passerons en morceaux, en pensée, nous abandonnerons sur cette plage idyllique
les blessures de l’enfance, nous gonflerons cet esquif fragile avec nos pauvres
suffisances et surtout nos espérances : comme nous en avons beaucoup, cela
devrait bien flotter ! Et vogue le
canot, la galère à travers la Méditerranée où personne n’entendra plus l’écho
de nos rires, l’écho de nos ris, l’écho de nos cris ! Les cordes d’une guitare accompagneront nos
chants de marins en H, pardon, en herbe.
Fais donc tourner le pétard, qu’on en souffle un peu au mufle de ce requin
trop curieux ! Ces requins qui
ressemblent à nos anciens chefs, nos cadres d’entreprise, celle d’avant notre
mise à pied, notre voyage au Maroc, notre fête orgiaque, notre retour pour nous
venger ! Tiens, une cloche de vache dans la nuit sur les vagues agitées de
la Méditerranée ? Mais non, idiot, c’est un cargo qui passe, qui ne
s’arrête pas, qui ne prendra jamais les pauvres escargots de mer que nous
sommes ! Ah ! Oui ?
Il m’avait aussi semblé à moi entendre sa sirène chanter, figure de
proue d’un navire en carême, chanter si bien, avec tant de beauté, à la mer si
lointaine. Derrière le bassin de carême,
derrière l’écluse. Tiens, une vague qui
nous submerge ! Celle-là nous fait
écluser tout ce dont nous avons abusé. Écopons, écopez compagnes et compagnons, notre canot fait eau. Oh, comme l’espoir est grand et comme la mer
est profonde ! Comme notre
entreprise est folle ! Si nous
parvenons vivants à l’autre bord, à accoster entier, ça y est, c’est dit, c’est
juré ! Nous créerons tous une nouvelle
entreprise dans cette Europe de fous et nous l’appellerons :
l’Espoir !
Jean-François
Nous sommes une petite dizaine à avoir quitté
l’entreprise au même moment, avec les mêmes insatisfactions, et nous sommes
partis durant un mois dans un Riad à Essaouira au Maroc pour partir à la
découverte d’un monde inconnu et sortir de notre zone de confort. Je ne saurai trouver les mots pour décrire à
quel point j’en suis ressorti changé et, à mon sens, amélioré comme si j’étais
devenu la version béta de moi-même. Nous
sommes tous et toutes entrés en résonance par nos mêmes envies et désaccords,
et par ce voyage avons trouvé des réponses à nos questions existentielles. Le son du quotidien était si différent du
monde occidental que nous connaissions si bien.
Pas de cor de chasse, ni ce refrain « Dieu Meetic, tout tombe à
l’eau » ! Là-bas, aucun
repère, tout à réinventer, chacun à l’écoute de l’autre pour l’aider au
mieux. Puis, nous avons arrêté de rester
autocentrés pour nous ouvrir au monde extérieur. J’ai arrêté de toujours m’appuyer sur mes
collègues mathématiciens et j’ai engagé des conversations avec des Marocains,
jusqu’à créer de véritables liens allant jusqu’aux tambours de l’amour, me lier
d’amour à un jeune Essaouiradien. Par sa
bienveillance et son amour sans condition, cet amour fugace avait réveillé mes
blessures de l’enfance tout en m’aidant définitivement à les cicatriser
proprement. J’étais de nouveau ouvert au
monde et cela fit écho auprès de mes anciens collègues. S’accepter tel que l’on est et lâcher prise sur
ce que nous vivons ne serait-ce pas un moyen de se connecter au
monde ? A notre monde intérieur et
à celui qui nous héberge ? Il était
loin le temps où j’étais tendu comme la corde d’une guitare, prêt à imploser à
n’importe quel moment ! Nous avons appris
à méditer au son d’une cloche de vache en guise de bol marocain, sensé laisser
la nature s’exprimer en nous, comme un papier buvard à l’encre des
sirènes. Depuis cette retraite, nous
gardons régulièrement contact les uns avec les autres pour des séances
collectives de bols vacherins méditatifs, au pied d’un grand chêne, plein
d’espoir dans la tête, au soleil levant, face au monde.
Lucie
Nous sommes une petite dizaine à avoir quitté
l’entreprise au même moment, avec les mêmes insatisfactions, et nous sommes
partis durant un mois dans un Riad à Essaouira au Maroc pour faire un break et
éventuellement rebondir tous ensemble dans le monde de l’entreprise. Les mots qui revenaient le plus au début de
ce break, c’était « trop cool, dormir, rêver, se prélasser, enfin du
temps ». Nous échangions tous et
toutes sur cette décompression que nous avions choisie. Mais vite, notre énergie animale dans cet
espace de vacance prit le dessus. Le son
qui montait des chambres du riad la nuit tombée était feulement ou brame. Dieu Meetic, tout tombe à l’eau. Nous nous débrouillons bien sans l’aide de
tous ces sites dont nous abusions dans notre vie active. Ni cor de chasse, ni ordi, mais du peau à
peau sous le soleil marocain et voilà l’affaire dans le sac ! Je me faisais la réflexion que la vie
finalement n’était pas si complexe, une envie et hop là… ! Mais j’étais encore au fond de moi inquiet
car je ne savais pas, moi le mathématicien logique et efficace, si nous
arriverions à mener la deuxième phase de notre projet de séjour, à savoir rebondir
dans le monde de l’entreprise. Les tambours
de l’amour faisaient toujours leurs ravages chez mes collègues. Moi, j’avais pris mes distances après une
petite aventure avec la belle Aïcha aux yeux de velours, je voulais retrouver
la raison et, malgré mes blessures de l’enfance, pensais être un homme stable,
constructif et j’avais de l’ambition.
Mais chaque fois que je proposais à mes collègues que l’on se pose pour
réfléchir, ma proposition n’avait aucun écho.
Luxure et plaisir les accaparaient totalement. Moi, j’imaginais que,
telles les cordes d’une guitare, nous pourrions entrer en résonance et faire
émerger l’idée la plus novatrice pour l’entreprise que nous devions créer. Errant dans la médina d’Essaouira, je trouvai
au souk une magnifique cloche de vache que j’achetai pour quelques dinars. Elle avait à peu près le son de celle de mon
école primaire car, en campagne, ce n’était pas au son d’une sirène que nous
nous rassemblions en fin de récréation.
J’espérais que mes compagnons auraient eux aussi cette mémoire qui les
ferait sortir de cette récréation lubrique.
Aussi, un matin, je me mis à agiter dans le patio du riad cette cloche
car j’avais l’espoir qu’ils reviendraient tous à la raison.
Odile
Nous sommes une petite dizaine à avoir quitté
l’entreprise au même moment, avec les mêmes insatisfactions, et nous sommes
partis durant un mois dans un Riad à Essaouira au Maroc pour le Marathon du Sable. Les mots se succédaient :
oui, on y va ! Oui, tous
ensemble ! Mais oui, tu seras
capable, bien sûr, pourquoi pas… on en
avait marre de notre boulot et du chef.
Le son du stress résonnait à nos oreilles. Tous les jours on donnait tout pour
satisfaire le patron. Nos plaintes
résonnaient de plus en plus comme des cors de chasse tandis que le chef
chantait comme un mathématicien. Quand
il soupçonna notre initiative il cria « Dieu Meetic, tout tombe à
l’eau ». « Les tambours de l’amour
de vivre » sera le nom de notre petit groupe de déchus. Pour oublier les blessures de l’enfance, on a
commencé à faire du sport, à courir. Nos
encouragements résonnaient comme des échos, comme des cordes de guitare. Pour échapper à notre boulot trop exigeant,
on se retrouvait dès potron-minet pour s’entraîner dans la nature parmi les
cloches de vaches. On rigolait, on courait et l’idée du marathon était
née. Dans nos rêves, on voyait déjà de
jolies sirènes qui couraient avec nous et nous encourageaient. L’espoir de participer et de bien finir le
marathon des sables grandit jour après jour.
Le jour J était proche !
Paul
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