le 22 octobre 2018: la résonance, comment retrouver le contact avec le monde


Un atelier d’écriture directement inspiré par le titre du dossier d’un Philosophie magazine
1er jeu : spontanément, nous écrivons ce que nous entendons  en nous téléportant dans 5 photos différentes.
Les mots sont récoltés et redistribués au hasard.  Ils doivent apparaitre dans le texte

Nous allons contacter le monde pour lui dire ce que nous avons sur le cœur.  MAIS, nous tombons sur le message de son répondeur…

Et comme il faut rester sérieux, une des définitions du mot « résonance » est coupée en autant de participant.  Le morceau reçu est donc à insérer dans notre texte



le petit bout de définition :



Pour mieux vous servir, nos bureaux sont ouverts du lundi au vendredi de 9h à 12h et de 14h à 19h. Nous vous invitons à renouveler votre appel durant ces plages horaires. Merci de votre compréhension, au revoir et à demain ! 
A 9h, le lendemain, je retéléphone au même numéro.  Une voix grave me répond :

-       Que puis-je pour vous ma fille, soyez bénie. 

Je reste abasourdie par cette réponse et je lui demande à qui j’ai l’honneur.

-       Je suis le curé de la paroisse, me répond-t-il, et comme personne ne fréquente plus mon église à cette époque, je travaille à mi-temps au service de la banque pour pouvoir joindre les deux bouts à la fin du mois.  Qu’est-ce qui vous arrive ?

-      Je suis accaparée par le BZZZ des financiers et je voudrais ne plus faire appel à vos services.  Quelles sont les démarches à entreprendre ?

-      Un instant, répond le curé, je ferme la fenêtre pour ne plus entendre le bruit des klaxons.  C’est fait, je me vous entièrement à vous comme les racines qui glissent vers l’eau.  Quoi ?  Que dites-vous ? Oui, je crois que vous devez vous distancier de la banque, vous promener dans la nature, écouter les abeilles bourdonnantes et retrouver la voie du seigneur, ma fille !

-      Quoi ?  Mais je veux simplement changer de banque, une conversion ne m’intéresse pas.

-      Hélas, répond le curé, ce n’est pas toujours le cas que les pendules oscillent de concert, comme s'ils étaient liés par une barre rigide.  J’aurais tant aimé vous convaincre, se lamenta le curé

-      Je vais y réfléchir, ne vous en faites pas pour moi, je suis assez grande pour suivre le chemin que je choisirai.

Sur ce, j’ai raccroché, perplexe.

     Anne




le petit bout de définition :



Bonjour, vous êtes sur la messagerie du Monde.  Étant actuellement en congé, je ne suis pas joignable par téléphone, mais je vous rappellerai dès mon retour.  En cas d’urgence, vous pouvez toujours m’envoyer un mail et je tâcherai d’y répondre rapidement.
Bonjour, Je suis une de vos citoyennes et suis perdue dans une nature que je ne reconnais plus.  Je me trouvais dans un champ de fleurs dans lequel j’entendais les abeilles butiner, je n’entends plus aujourd’hui que le bruit des klaxons.  Alors que la forêt dans laquelle je me promenais était remplie d’arbres majestueux et radieux, je n’entends plus que leurs pleurs me disant qu’ils ont soif de toi.  Là où autrefois de magnifiques cathédrales s’élevaient vers le ciel, je n’entends plus que les gospels du passé qui suintent des plâtres.  Et partout autour de moi le murmure des ordinateurs dans lesquels les pendules oscillent en rythme, à la même fréquence. Que se passe-t-il ?  Est-ce la fin du monde ?

     Annie W.
 

le petit bout de définition :



Bonjour, vous êtes bien sur la messagerie de la Terre.  Je ne peux malheureusement pas prendre votre appel pour le moment. Veuillez appeler mon collègue qui saura vous donner tous les renseignements nécessaires.
Je n’ai pas assez confiance en le Soleil, votre collègue, pour les renseignements dont j’ai besoin. Il sera tôt ou tard responsable de votre disparition et de la nôtre, par la même occasion.  Je laisse donc un message en espérant recevoir une réponse.  Il se trouve que je prête l’oreille de plus en plus souvent aux craquements à peine perceptibles du temps qui s’allonge et qu’il me vient toujours à l’esprit des questions sans réponse.  Vous êtes peut-être la seule personne à connaitre la réponse.  Même si d’un côté les charmes de l’ignorance et la magie des mécanismes naturels me fascinent, dans l’autre ils oscillent en opposition comme si le milieu du ressort avait été fixé entre mon cerveau et un point d’interrogation.  Ma tête fourmille d’une et mille questions, même au milieu des conversations, et j’en viens à imaginer faire de la spéléologie dans les méandres de mon crane pour retrouver le silence complet, seulement brisé par le plic-ploc des gouttes d’eau.  Pourquoi faut-il que chacun s’isole dans sa bulle et oublie son environnement jusqu’à même oublier de prendre garde au silence des abeilles d’à côté ?  D’où nous vient cette envie effrénée de tout comprendre jusqu’à en oublier de s’interroger sur la valeur d’un mystère ?  Comment peut-on faire autant confiance au progrès jusqu’à oublier d’où nous venons ?  De quel droit la modernité retire-t-elle aux mots leur valeur, leur puissance, leur magie ???   Mais surtout, trouverais-je un jour la plus grande question de ma vie, celle dont trouver la réponse est soit impossible soit mortel…

     Ayiana


le petit bout de définition :

Bonjour, ici le Monde. Merci de votre appel. Je ne suis pas en mesure de vous répondre pour le moment, étant fréquemment en rendez-vous client, mais laissez-moi un message et je vous rappellerai très prochainement. Je vous souhaite une agréable journée.
Merci de vos souhaits d’agréable journée, mais vous m’étonnez !  Le monde a donc des clients ?!  En vous appelant je ne pensais pas parler à un monde marchand avec ses cliquetis de touches d’ordinateurs mais avec le vent du soir et toutes ces oscillations libres, une somme de deux modes propres correspondants et parallèles pourtant qui effectivement ne pourront jamais se rencontrer car nos questions étaient toute autre.  Quand j’entends le verre claquer, d’où vient-il ?  C’est tellement différent du bruissement des chauves-souris ou le bruissement des feuilles sous la patte des insectes.  Décidément, nous ne devons pas faire partie du même monde !  Moi je vis plutôt dans un monde où les esprits jouent entre eux dans le vent de la tempête.  Et quand je parle en face de la grande paroi verticale dans la montagne, seul l’écho me répond dans une tonalité claire un peu adoucie pourtant compte-tenu de l’éloignement.  Votre monde à vous me semble bien triste et je n’ai pas envie de vous demander quoique ce soit, restez donc près de votre clientèle, pas la peine de me rappeler !

     Cécile


le petit bout de définition :

 
Vous êtes en relation, avec les Dieux du Monde. Nos services sont actuellement fermés. Nous vous invitons à renouveler votre appel du lundi au vendredi, de 9 h à 12 h et de 14 heures à 18 heures. Vous pouvez découvrir nos compétences et nos différents domaines d’intervention sur notre site internet. Merci et à bientôt.
Bonjour, j’aurais voulu des précisions sur mon entrée dans le monde et surtout sur la route à prendre car je ne suis pas encore venu au monde.  Si l’écho de mes pas se fait ce samedi, je n’aurai pas de réponse de votre part d’ici là… et j’ai déjà peur des klaxons et des sirènes que j’entends de là où je suis !  Donc, comment je fais ?  Je veux bien consulter internet pour découvrir vos compétences, mais représentez-vous vraiment la puissance calme dont je pense avoir besoin durant mes premières années ?  Ici, on dit beaucoup de bien de vous, les Dieux du Monde et on m’a vivement conseillé de vous appeler avant de venir.  Il semblerait que vous êtes des facilitateurs de vie.  Mais est-ce vrai ?  C’est quoi ce grésillement que j’entends sur la ligne ?  Allô ??? On dirait des cris écrasés, des BZZZ de bébés qui voudraient faire le chemin en sens inverse et en sont empêchés…  S’il vous plait, répondez-moi rapidement car je prends la route très bientôt.  Je sens la moitié du ressort qui me retient ici accroître la raideur associée à chacun de mes mouvements.  Bon, je rappellerai vendredi avant 18h, du moins si je ne suis pas encore en vie !

     Françoise


le petit bout de définition :



Ici Dieu, bonjour. Nous ne sommes pas disponibles pour le moment : veuillez nous laisser un message et nous vous recontacterons dans les plus brefs délais. En attendant, vous trouverez de nombreuses informations sur notre site internet ou sur notre page Facebook.
L’eau ne coule plus dans les deux sens, amont, aval !  Le système est alors décrit, décrié, dénié par les inclinaisons généralement distinctes des deux pendules que sont le soleil et la lune.  Mais comment faire semblant d’être cet homme moderne, avec le cerveau qui chauffe, sans eau ?  Bonjour !  Un réseau de canalisations où même nos informations les plus précieuses, les plus intimes, où plus rien de rien ne passe !!!  Ciel !  Mon site bourse en ligne directe, mon site adopte un mec point comme, mon site de face sans le look Dieu Meetic !  Mes sites chéris et tous mes contacts virtuels, tous, tous tombent à l’eau !  Enfin non puisqu’il n’y en a plus… de l’eau !  Grands Dieux, au secours !  Mon sang déshydraté lance un fol bourdonnement des abeilles à mes oreilles qui n’en avaient plus entendu voler une seule depuis des dizaines d’années !  Au secours ! Le ZZZZ des lumières électriques a asséché l’encre de mon stylo plume en voie de fossilisation !  Allô !  Dieu ?  Répondez non de Dieu !  Je suis le seul de toute la lignée, tu sais, la lignée des hommes, des femmes, des enfants… qui ne savaient plus s’aimer les uns les autres…  Dieu !  Bordel de monde fini !  Réponds !  Je pressens, je sens, mes os finir de se dessécher… et s’envoler… poussières dans le vent… fleurissent, fleurissent, poussières dans le vent, c’est la fin de … ton temps…

     Jean-François



le petit bout de définition :



Bienvenue chez Dame Nature.  Nos services sont actuellement fermés. Merci de bien vouloir renouveler votre appel dans le cadre de nos horaires d’ouverture, du lundi au vendredi, de 7H30 à 19H00
Merci pour votre compréhension
Chère maman nature, quelle tristesse de ne pas pouvoir converser de vive voix avec toi.  Dis, je peux te tutoyer ?  J’aimerais te remercier pour tout ce que tu es.  Ta beauté, ta splendeur, la richesse de tes paysages, de ta faune, ta flore, le monde minéral qui t’habite et bien plus encore…  Je suis tellement émue quand je vois la perfection que tu créés en ton monde, qui mérite tant de respect et d’amour inconditionnel.  Nous sommes si petits, tellement rien dans cet univers naturel, les doigts agacés qui frappent la table en bois ou la peinture qui s’écaille dans nos vieux immeubles au bord de l’abandon où l’on n’entend plus que le grésillement des néons.  Alors, merci. Merci de nous apporter de si jolies fleurs et le bourdonnement des insectes pollinisateurs qui les accompagnent dans une danse bien orchestrée, à coup de BZZZ BZZZ où l’origine des deux types d’oscillations devient évidente.  Merci de changer notre quotidien au cours des saisons, des jours qui raccourcissent, de la température qui monte, de la neige tombant à gros flocons ; mais aussi par la grande diversité de tes paysages.  De l’herbe sous nos pieds, des champignons dans la forêt, des randonnées dans la montagne, un pré, un sentier, une dune cachant la plage et ta mer calme ou agitée.  En supposant les deux pendules identiques, la marée parfois me fait penser au tic-tac d’une horloge.  L’horloge du temps que tu laisses filer doucement.  Tu sais, je ne t’en veux pas quand tu te mets en colère.  Nous sommes si nombreux sur terre et quelle prétention aurions-nous de te remettre en question ?  Reste comme tu es, sache que je te soutiens, je fais du mieux que je peux pour te respecter et t’aimer comme il se doit, même si j’aimerais savoir être en plus grande harmonie en ton sein.  Comme entrer en résonance…

     Lucie



le petit bout de définition :


Bonjour.  Vous êtes bien en relation avec le répondeur professionnel de Gaïa.  Je suis actuellement en déplacement.  Vous pourrez me recontacter dès demain 7h00 à ce même numéro.  Vous pouvez également me joindre sur mon portable ou vous pouvez contacter mon assistante personnelle. Je m’engage à vous rappeler au plus vite. 
Bonjour.  Je suis mandatée par les vers de terre qui courent sous votre croûte terrestre pour déposer auprès de vos services une requête concernant les nuisances sonores auxquelles ils doivent faire face à tout moment.  Pourriez-vous mener une action concernant les klaxons grinçants, la fréquence propre de leur système fait de leurs corps annelés un pendule.  On pourrait dire une pendule, plus simplement en bon français.  Cela est extrêmement fâcheux pour eux, les lombrics, car comme vous le savez c’est grâce à leur incessant travail de creusement de votre croûte (vous devez d’ailleurs entendre les débris qui tombent dans les galeries), c’est donc grâce au travail de dentelière qu’ils effectuent que les fleurs expriment leurs odeurs.  GAIA, ne vous cachez pas, montrez votre professionnalisme !  Eux, les vers de terre savent bien que vous êtes un Groupe Actif Inspiré Authentique.  Vous vous présentez comme une personne seule (je suis actuellement en déplacement…) mais eux, les vers lombrics, savent bien que vous vous déplacez.  Vous êtes plusieurs, car ils perçoivent le bruit de vos chaises lorsque vous les remettez en place à la fin de vos réunions.  Vous pouvez, enfin l’un de vous, me contacter au 07 45… en espérant que vous serez assez rapides, l’un ou l’autre, car ils sont prêts à mener une action de forage de votre croûte qui risque d’entamer l’action et l’authenticité de votre groupe.

     Odile




le petit bout de définition :




Toutes nos lignes sont actuellement occupées, merci de bien vouloir patienter, nous allons donner suite à votre appel


Quel brouhaha encore dans votre téléphone !  Ça fait quinze jours que j’essaye de vous appeler mais toujours le BZZZ BZZZ comme le bourdonnement d’une abeille qui veut s’échapper.  La nuit ça me résonne dans les oreilles comme les craies sur les ardoises ou comme la fourmi-cro-onde.  Ce qui, comme il est précisé plus loin, augmente la fréquence propre.  Je ne dors plus, je suis à bout de souffle dû à vos lignes actuellement occupées.  Donc, Monsieur ou madame Orange, vous qui êtes supposé être expert en téléphonie, SVP décrochez !!

     Paul
 



2ème jeu : spontanément, on écrit sur un petit papier LA chose qui pour nous résonne.  Les mots sont mis au chapeau et seront tirés au hasard en cours d’écriture.  Il faudra les insérer dans le texte le plus vite possible.

L’incipit est issu d’un article de la revue, il traite de la mise en pratique de la résonance.

Une phrase tirée du 1er texte, la même pour tous, est à insérer au milieu du texte.



Nous sommes une petite dizaine à avoir quitté l’entreprise au même moment, avec les mêmes insatisfactions, et nous sommes partis durant un mois dans un Riad à Essaouira au Maroc pour se détendre et pour se faire masser les muscles endoloris par de longues journées d’inactivité physique dans l’entreprise, toujours courbés devant nos ordinateurs.  Il n’y a pas de mots pour décrire ce malaise qu’on ressentait durant ces longues années de travail.  Depuis quelques jours, nous explorons notre environnement.  Demain, nous participerons à une excursion dans le désert.  Le son de la prière du soir se répand au-dessus de la ville.  En rentrant à l’hôtel, après avoir bu notre thé à la menthe, je me casse le pied.  Dieu meetic, tout tombe à l’eau !  Je ne pourrai pas participer à l’expédition dans le désert.  Un cor de chasse résonne dans le lointain.  Ce sont les chasseurs qui reviennent des montagnes, fiers cavaliers avec leurs éperviers bien en vue sur leurs mains gantées.  Le mathématicien du groupe me relève tout en calculant mes chances de pouvoir marcher.  Je clopine en m’appuyant sur son épaule.  Mais je ne m’étais jamais imaginé que les tambours de l’amour résonneraient par ce simple geste.  Le mathématicien resserre son étreinte et me regarde dans les yeux langoureusement.  Toutes les blessures de mon enfance ressurgissent à cet instant.  J’ai toujours combattu mes démons et à présent je crois entendre l’écho de la délivrance.  Mon corps se tend comme les cordes d’une guitare, je prends conscience que je ne dois pas résister à ma nature profonde.  Je me mets à sangloter sans pouvoir m’arrêter.  Une cloche de vache me tire de cet état mélancolique.  Il va falloir me reprendre sinon tout tombera à l’eau.  Une sirène annonce l’approche de l’ambulance.  Le mathématicien me hisse à bord avec beaucoup de précautions.  Il m’accompagne et ne me lâche plus d’une semelle.  Des sueurs froides m’envahissent.  A l’hôpital, on m’installe dans une chambre.  Le lendemain je serai sur la table d’opération.  J’ai bon espoir de m’en tirer.

     Anne


Nous sommes une petite dizaine à avoir quitté l’entreprise au même moment, avec les mêmes insatisfactions, et nous sommes partis durant un mois dans un Riad à Essaouira au Maroc pour reconstruire notre vie sur des bases plus saines. Les mots des grands philosophes devinrent notre source de réflexion et nous les étudiions pour développer notre « philosophie ».  A la fin de nos journées, le son de l’appel à la prière venait de la mosquée voisine et nous incitait à la méditation.  Nous n’étions pas particulièrement religieux mais cette musique très proche de celle d’un cor de chasse faisait vibrer en nous des émotions très fortes.  Jean, le mathématicien du groupe, nous invita à la numérologie, science (ou certains diraient plutôt philosophie) qui permit à chacun de se projeter dans un futur en harmonie avec sa vrais nature.  Lorsque les tambours de l’amour résonnèrent pour Pierre, il rencontra une des servantes du Riad, nous pouvions dire « Dieu Meetic tout tombe à l’eau »  car une vraie rencontre se déroulait sous nos yeux.  Sylvie quant à elle, directrice de notre ancienne entreprise, dut apprendre à surmonter les blessures de l’enfance.  Ceci faisait en fait écho à ce que nombre d’entre nous avions vécus.  Notre séance de méditation se terminait chaque soir lorsque Ian jouait quelques douces notes sur les cordes d’une guitare.  Ce rituel répété chaque jour nous amena peu à peu à nous rapprocher de ce que nous pensions vouloir faire de notre vie.  Chacun allait prendre un chemin différent.  Martine décida de devenir vachère et alla au soute acheter sa première cloche de vache, un grand pas dans sa nouvelle vie !  Philippe décida de devenir pompier, répondre aux sirènes et sauver des vies était sa vocation.  Pour ceux parmi nous qui n’avaient pu réussir à trouver leur carrière, nous repartions avec l’espoir d’y arriver.

    Annie W.



Nous sommes une petite dizaine à avoir quitté l’entreprise au même moment, avec les mêmes insatisfactions, et nous sommes partis durant un mois dans un Riad à Essaouira au Maroc pour retrouver nos esprits dans les non-vagues de la Méditerranée.  Loin des maux de notre quotidien, en cherchant l’essence même des mots de ce même quotidien, vécu avec trop peu de conscience.  Nous organisons donc un nouveau quotidien où tout vient à l’improviste, où les heures remplacent les secondes qui avaient perdu leur nature dans les chronomètres de nos aires civilisées.  Nous sommes dix, mais nous pourrions être un milliard tellement les particularités de chacun se multiplient.  Dieu meetic, tout tombe à l’eau ; le moule du système occidental, le lavage de cerveau de nos écoles vieux-jeu, jusqu’à même l’opinion unique diffusée à grand renfort d’images.  Chacun retrouve peu à peu le son unique de sa propre voix intérieure et la paix calme à nouveau le tumulte des cors de chasse.  Il se pourrait même qu’avec ce dépaysement quelque chose de tout à fait extraordinaire  se rallume en nous, quelque chose que nous avons tous enfoui, éteint ou oublié.  Cette étincelle dans les yeux du mathématicien passionné, ce geste protecteur d’une mère pour son enfant ou encore le battement irrégulier d’un cœur qui s’aligne avec les tambours de l’amour.  Ce qui serait trop de qualifier simplement de vie ? L’air frais et iodé, le changement brutal de cap et cette envie de redevenir le capitaine de notre existence nous fait un drôle d’effet et efface même les blessures de l’enfance, celles qui même cachées sous de gros pansements nous font grincer des dents.  Est-ce ça la technique de résonance ou bien faut-il plutôt que nous allions chercher l’écho dans les hauteurs de l’Atlas ?  Il faut être sur la même longueur d’onde pour pouvoir entrer en résonance.  Le musicien te l’affirme prenant appui sur les cordes d’une guitare, le poète l’imagine mais le controverse et enfin le scientifique ajoutent un bémol d’interférence.  Est-ce possible qu’un monde, et une perception si différente, soit si abordable et se cache dans la simplicité d’une cloche de vache ?  Ou s’agit-il d’une très grande hallucination collective, d’une réalité virtuelle qui ne durera que le temps d’un rêve dont nous serons arrachés par les sirènes du réveil-matin ?  Je garde en moi la saveur de l’espoir de cette embarcation vers l’inconnu sur l’océan si bien cartographié de la vie !

     Ayiana


Nous sommes une petite dizaine à avoir quitté l’entreprise au même moment, avec les mêmes insatisfactions, et nous sommes partis durant un mois dans un Riad à Essaouira au Maroc pour oublier ce chef de service pervers qui ne dit que des mots blessants à nous, ses employés.  Nous en avons assez.  Le grand chef, le patron donc, si nous lui en référons, ne trouve rien à dire lui non plus et aboie comme un chien nous traitant plus bas que terre.  Alors, la terre, nous allons allez la voir, la terre noble utilisée pour bâtir des maisons sobres mais bien isolées de la chaleur et du froid de la nuit.  Le son y est feutré à l’intérieur et nous pouvons converser tout doucement sans avoir à faire appel à nos ordinateurs laissés là-bas au bureau.  Dieu Meetic, tout tombe à l’eau car nous y avions cru !  Et le cor de chasse, comme nous appelions la voix tonitruante de notre chef, ne résonne plus ici car nous sommes loin.  Loin de cette vie de labeur mal payé, sans aucun intérêt, et même le mathématicien en chef nous approuve dans notre décision de partir.  Lui le plus sympa et chaleureux mais qui n’ose rien dire, un dégonflé en quelque sorte.  Les tambours de l’amour résonnent ici le soir au coucher du soleil lorsque les femmes se rapprochent des hommes dans la tiédeur de fin de journée, oubliant les blessures de l’enfance et se consacrant uniquement au moment présent.  Les voix montent, ensemble de voix graves des hommes et l’écho de de celles des femmes, une soirée accompagnée de notes sur les cordes d’une guitare qui fait vibrer tous les sens.  Cette soirée est belle, elle livre à l’abandon, à la danse pour certains ou au sommeil pour d’autres.  Le Maroc est de toute beauté, nous y sommes bien, la chaleur du groupe est infinie même si au loin les cloches de vache teintent légèrement.  Mais elles sont loin, l’herbe est rare ici.  Nous en avions aperçu l’autre jour, maigres mais belles comme des sirènes dans l’eau des lacs de nos montagnes de France.  Mais la France est loin et nous ne voulons par rentrer.  Une idée germe dans notre petit groupe de femmes, une idée qui s’affine au cours des chaudes soirées d’Essaouira, un espoir peut-être !... Celui de rester, ne plus revoir nos chefs ingrats et pervers.  L’idée de monter entre nous une petite entreprise, bien-sûr il nous faudra un micro-crédit mais nous pourrions développer ici notre savoir et le mettre au profit de tous et toutes.  Le Maroc pourrait bien devenir notre terre d’accueil et l’oubli le seuil de notre nouvelle demeure.

     Cécile



Nous sommes une petite dizaine à avoir quitté l’entreprise au même moment, avec les mêmes insatisfactions, et nous sommes partis durant un mois dans un Riad à Essaouira au Maroc pour ouvrir le Lavomatique du futur.  Je suis la tête pensante et le porte-parole du groupe car je maitrise l’art des mots.  Dès le début de notre aventure nous nous sommes heurtés à la question de savoir comment laver le linge sans eau.  Deuxième soucis, quels vêtements laver dans notre lavomatique sans eau ? Les touristes ne faisaient pas confiance à notre méthode pas encore inventée et les sons entendus du côté des indigènes nous laissaient penser qu’ils ne nous avaient pas attendus pour laver leur linge sale.  Aussi, en tant que tête pensante, j’émis cette sublime maxime : « Dieu-Mythique, tout tombe à l’eau »  et comme il n’y avait pas d’eau, Dieu resta debout.  Il souffla dans son cor de chasse et replaça le consumérisme au centre du Monde.  Le lavomatique n’était pas possible, pas de soucis, nous allions ouvrir une crêperie bretonne.  Le mathématicien du groupe calcula le pourquoi du comment.  Le pourquoi sembla rapidement perdre du poids, à un point tel qu’il se dessécha et tomba à l’eau.  Et comme il n’y avait toujours pas d’eau, sa chute le tua.  Il nous restait le comment.  Hélas, les tambours de l’amour se firent entendre, la raison déraisonna, et la réflexion ne vint pas à bout du comment.  La crêperie bretonne fut abandonnée pour une boutique de location de skis.  Cette nouvelle idée répondait-elle au besoin de voir ressurgir les blessures de l’enfance ?  Nous formâmes un cercle de paroles pour entrer en résonance avec nous-mêmes.  Des questions en ressortirent: qu’étions-nous vraiment venus chercher à Essaouira ?  l’écho de nos vies passées nous mènera-t-il à un futur plus constructif ? et finalement, le ciel d’Essaouira était-il nécessaire à ce futur ?   Les autochtones avaient rejeté nos idées de laverie, de crêperie bretonne, de magasin de location de skis… leur ingratitude semblait donner à nos actions aussi peu d’intérêt que le pincement d’une corde de guitare.  Finalement, la nostalgie du son des cloches de vache fut la plus grande.  Nous quittâmes le bar du Riad et reprîmes le soir même le charter dans l’autre sens.  Nous rentrâmes à temps pour réintégrer l’entreprise le lundi matin.  Pas mal ce petit WE à Essaouira.  Les sirènes de l’aventure retentiront pour d’autres qui garderont l’espoir en un développement personnel plus abouti.

     Françoise

 

Nous sommes une petite dizaine à avoir quitté l’entreprise au même moment, avec les mêmes insatisfactions, et nous sommes partis durant un mois dans un Riad à Essaouira au Maroc pour nager dans la piscine aux microbes préalablement désinfectés et gentiment colorés au Pernod-Ricard.  Les mots nous viennent, alcoolisés comme des noyés.  Nous ne savons plus si nous flottons nous même dans la fumée du cannabis.  Canna, les noces en bois.  Le son s’engloutit au fond de la piscine, on ne trouvera pas d’âmes, que des ânes.  Enfin le doux plaisir de boire la tasse, enivrons-nous !  Au fond, en apesanteur, chassons la lourdeur de nos corps, oui, jouissons du beau son du corps de chasse !  Dieux mythiques ! Tout tombe à l’eau !  Même mon ordinateur avec ses mots malvenus sur les mauvaises touches, a glissé lui aussi dans cette fange jaunâtre, Pernod ou Ricard, je ne sais plus, dans et sur laquelle nous nous ébrouons tous, hilares, soudards !  Ah ! Que c’est beau une entreprise où il faut boire la tasse !  Même mon ami le plus lointain, le mathématicien, en perd son latin !  Et quand nous n’avons plus d’argent pour régler toutes les notes salées mirifiques du cinq étoiles riadicalisé, nous repartirons à pied, en nous tenant tintinambulant encore sur les routes arides des tambours de l’amour !  Nous marcherons vers ces mirages scintillants au loin, quoi, déjà Ceuta et ses barbelés ?!  Hachés par eux, nous passerons en morceaux, en pensée, nous abandonnerons sur cette plage idyllique les blessures de l’enfance, nous gonflerons cet esquif fragile avec nos pauvres suffisances et surtout nos espérances : comme nous en avons beaucoup, cela devrait bien flotter !  Et vogue le canot, la galère à travers la Méditerranée où personne n’entendra plus l’écho de nos rires, l’écho de nos ris, l’écho de nos cris !  Les cordes d’une guitare accompagneront nos chants de marins en H, pardon, en herbe.  Fais donc tourner le pétard, qu’on en souffle un peu au mufle de ce requin trop curieux !  Ces requins qui ressemblent à nos anciens chefs, nos cadres d’entreprise, celle d’avant notre mise à pied, notre voyage au Maroc, notre fête orgiaque, notre retour pour nous venger ! Tiens, une cloche de vache dans la nuit sur les vagues agitées de la Méditerranée ? Mais non, idiot, c’est un cargo qui passe, qui ne s’arrête pas, qui ne prendra jamais les pauvres escargots de mer que nous sommes !  Ah !  Oui ?  Il m’avait aussi semblé à moi entendre sa sirène chanter, figure de proue d’un navire en carême, chanter si bien, avec tant de beauté, à la mer si lointaine.  Derrière le bassin de carême, derrière l’écluse.  Tiens, une vague qui nous submerge !  Celle-là nous fait écluser tout ce dont nous avons abusé.  Écopons, écopez compagnes et compagnons, notre canot fait eau.  Oh, comme l’espoir est grand et comme la mer est profonde !  Comme notre entreprise est folle !  Si nous parvenons vivants à l’autre bord, à accoster entier, ça y est, c’est dit, c’est juré !  Nous créerons tous une nouvelle entreprise dans cette Europe de fous et nous l’appellerons : l’Espoir !

     Jean-François

 

Nous sommes une petite dizaine à avoir quitté l’entreprise au même moment, avec les mêmes insatisfactions, et nous sommes partis durant un mois dans un Riad à Essaouira au Maroc pour partir à la découverte d’un monde inconnu et sortir de notre zone de confort.  Je ne saurai trouver les mots pour décrire à quel point j’en suis ressorti changé et, à mon sens, amélioré comme si j’étais devenu la version béta de moi-même.  Nous sommes tous et toutes entrés en résonance par nos mêmes envies et désaccords, et par ce voyage avons trouvé des réponses à nos questions existentielles.  Le son du quotidien était si différent du monde occidental que nous connaissions si bien.  Pas de cor de chasse, ni ce refrain « Dieu Meetic, tout tombe à l’eau » !  Là-bas, aucun repère, tout à réinventer, chacun à l’écoute de l’autre pour l’aider au mieux.  Puis, nous avons arrêté de rester autocentrés pour nous ouvrir au monde extérieur.  J’ai arrêté de toujours m’appuyer sur mes collègues mathématiciens et j’ai engagé des conversations avec des Marocains, jusqu’à créer de véritables liens allant jusqu’aux tambours de l’amour, me lier d’amour à un jeune Essaouiradien.  Par sa bienveillance et son amour sans condition, cet amour fugace avait réveillé mes blessures de l’enfance tout en m’aidant définitivement à les cicatriser proprement.  J’étais de nouveau ouvert au monde et cela fit écho auprès de mes anciens collègues.  S’accepter tel que l’on est et lâcher prise sur ce que nous vivons ne serait-ce pas un moyen de se connecter au monde ?  A notre monde intérieur et à celui qui nous héberge ?  Il était loin le temps où j’étais tendu comme la corde d’une guitare, prêt à imploser à n’importe quel moment !  Nous avons appris à méditer au son d’une cloche de vache en guise de bol marocain, sensé laisser la nature s’exprimer en nous, comme un papier buvard à l’encre des sirènes.  Depuis cette retraite, nous gardons régulièrement contact les uns avec les autres pour des séances collectives de bols vacherins méditatifs, au pied d’un grand chêne, plein d’espoir dans la tête, au soleil levant, face au monde.

     Lucie


Nous sommes une petite dizaine à avoir quitté l’entreprise au même moment, avec les mêmes insatisfactions, et nous sommes partis durant un mois dans un Riad à Essaouira au Maroc pour faire un break et éventuellement rebondir tous ensemble dans le monde de l’entreprise.  Les mots qui revenaient le plus au début de ce break, c’était « trop cool, dormir, rêver, se prélasser, enfin du temps ».  Nous échangions tous et toutes sur cette décompression que nous avions choisie.  Mais vite, notre énergie animale dans cet espace de vacance prit le dessus.  Le son qui montait des chambres du riad la nuit tombée était feulement ou brame.  Dieu Meetic, tout tombe à l’eau.  Nous nous débrouillons bien sans l’aide de tous ces sites dont nous abusions dans notre vie active.  Ni cor de chasse, ni ordi, mais du peau à peau sous le soleil marocain et voilà l’affaire dans le sac !  Je me faisais la réflexion que la vie finalement n’était pas si complexe, une envie et hop là… !  Mais j’étais encore au fond de moi inquiet car je ne savais pas, moi le mathématicien logique et efficace, si nous arriverions à mener la deuxième phase de notre projet de séjour, à savoir rebondir dans le monde de l’entreprise.  Les tambours de l’amour faisaient toujours leurs ravages chez mes collègues.  Moi, j’avais pris mes distances après une petite aventure avec la belle Aïcha aux yeux de velours, je voulais retrouver la raison et, malgré mes blessures de l’enfance, pensais être un homme stable, constructif et j’avais de l’ambition.  Mais chaque fois que je proposais à mes collègues que l’on se pose pour réfléchir, ma proposition n’avait aucun écho.  Luxure et plaisir les accaparaient totalement. Moi, j’imaginais que, telles les cordes d’une guitare, nous pourrions entrer en résonance et faire émerger l’idée la plus novatrice pour l’entreprise que nous devions créer.  Errant dans la médina d’Essaouira, je trouvai au souk une magnifique cloche de vache que j’achetai pour quelques dinars.  Elle avait à peu près le son de celle de mon école primaire car, en campagne, ce n’était pas au son d’une sirène que nous nous rassemblions en fin de récréation.  J’espérais que mes compagnons auraient eux aussi cette mémoire qui les ferait sortir de cette récréation lubrique.  Aussi, un matin, je me mis à agiter dans le patio du riad cette cloche car j’avais l’espoir qu’ils reviendraient tous à la raison.

     Odile


Nous sommes une petite dizaine à avoir quitté l’entreprise au même moment, avec les mêmes insatisfactions, et nous sommes partis durant un mois dans un Riad à Essaouira au Maroc pour le Marathon du Sable.  Les mots se succédaient : oui, on y va !  Oui, tous ensemble !  Mais oui, tu seras capable, bien sûr, pourquoi pas…  on en avait marre de notre boulot et du chef.  Le son du stress résonnait à nos oreilles.  Tous les jours on donnait tout pour satisfaire le patron.  Nos plaintes résonnaient de plus en plus comme des cors de chasse tandis que le chef chantait comme un mathématicien.  Quand il soupçonna notre initiative il cria « Dieu Meetic, tout tombe à l’eau ».  « Les tambours de l’amour de vivre » sera le nom de notre petit groupe de déchus.  Pour oublier les blessures de l’enfance, on a commencé à faire du sport, à courir.  Nos encouragements résonnaient comme des échos, comme des cordes de guitare.  Pour échapper à notre boulot trop exigeant, on se retrouvait dès potron-minet pour s’entraîner dans la nature parmi les cloches de vaches. On rigolait, on courait et l’idée du marathon était née.  Dans nos rêves, on voyait déjà de jolies sirènes qui couraient avec nous et nous encourageaient.  L’espoir de participer et de bien finir le marathon des sables grandit jour après jour.  Le jour J était proche !

     Paul
 

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