16.02: trois plaisirs partagés par Catherine (de Madrid)

 


La rencontre improbable de deux personnages engagés politiquement, chacun à leur manière.

Dans le monde de dehors, Antoine est assistant parlementaire d’un député socialiste ; même s’il est plutôt mal à l’aise dans ce milieu, il pense qu’il peut agir en étant dans le système. L. est hackeuse, hors du système donc, et appartient depuis son adolescence au monde des abysses du dedans, celui qui est derrière nos écrans d’ordinateur.

Antoine rêve décrire un roman sur deux photographes de la Guerre d’Espagne et ne concrétisera jamais ce projet. L. a fait partie d’Anonymous, mais depuis l’arrestation de figures du mouvement, en 2010, elle a pris peur et se contente d’opérations à la marge comme le doxing (révéler des informations privées sur vos ennemis, ici, les membres de la fachosphère) ou l’aide aux femmes harcelées par leur mari sur leur téléphone ou ordinateur.

Une amie commune, militante associative très active, va faire le lien entre L. et Antoine, puis le projet confié à Antoine d’une commission sur la cybersécurité va permettre à celui-ci de se rapprocher du monde de L et, peut-être, de trouver un combat à sa mesure.

 

Deux auteurs québecois:

 

 


Une histoire très « rude », celle d’un homme, M. Courge, qui vit avec son fils dans une cabane au fond des bois. La mère est morte en donnant naissance à ce fils mais reste présente pour l'enfant qui dialogue avec les défunts. Le père traumatisé par ce décès semble habiter un lieu inaccessible. Ces deux personnages vivent hors du temps, hors de tout contact avec la société, hors de toute instruction. Ce que traduit bien le vocabulaire rabelaisien, les archaïsmes québécois, employés par l’auteur.

Une vie primaire au sens absolu, tant est grande leur ignorance de la nature-même, de ses ressources pour mieux se nourrir et construire un habitat plus confortable. Un huis clos restreint à la confrontation père-fils, en l’absence de tout sentiment paternel, pour lequel seules les nécessités du corps existent.

Jusqu’au jour où le fils va entrevoir dans la rencontre inattendue d'une jeune fille du village voisin, la raison du mal qui le ronge depuis des années. Il découvre que, tapis au fond de l'être, existe le besoin instinctif, aussi fondamental que la nourriture du corps : le besoin d'amour. Il n’aura alors de cesse d’observer et d’interroger son père pour savoir si ce père éprouve de l’affection pour son fils.

 

 


Biographie des trente premières années qui ont déterminé la personnalité et l’existence de la future écrivaine, son premier roman, Bonheur d’occasion, ne paraissant qu’en 1945. Gabrielle Roy nous raconte, d’une écriture précise et sensible, son enfance, sa formation académique et son entrée dans la vie active au Manitoba puis, son départ en Europe.

L’histoire de sa famille, des migrants forcés de quitter leur terre, l’Acadie, pour échapper à la misère, attirés par l’Or blond des grandes plaines de l’Ouest canadien, va marquer toute sa vie ; son appartenance à la minorité francophone et catholique du Manitoba est un handicap mais aussi une opportunité de découvrir l’autre culture (et littérature), anglaise : « Cette sensation de dépaysement, de pénétrer, à deux pas seulement de chez nous, dans le lointain, m’était plutôt agréable, quand j’étais enfant. Je crois qu’elle m’ouvrait les yeux, stimulait mon imagination, m’entraînait à observer. »

Ce sentiment d’être étrangère dans son propre pays ajouté à la quasi misère dans laquelle vit sa famille, seront largement compensés par le fait, qu’étant la petite dernière d’une fratrie de douze enfants, elle sera choyée et protégée par tous et spécialement par sa mère, qu’elle admire pour son stoïcisme malgré les circonstances d’une vie difficile (« Comment, si souvent malheureux, pouvions-nous aussi être tellement heureux ? »). Celle-ci sacrifie tout ce qu’elle peut pour que sa fille, très bonne élève, fasse des études et intègre L’Ecole Normale.

Institutrice dans des écoles rurales du Manitoba, Gabrielle fait partie également d’une troupe de théâtre amateur, et fait le projet, poussée par une vision d’elle-même encore très floue mais tenace, de partir en Europe pour étudier le théâtre. Elle mettra huit ans à réunir l’argent nécessaire pour « tenir » un an en Europe.

Les deux années qu’elle passe finalement entre la France et l’Angleterre, déménageant sans cesse, sont celles de rencontres et d’observation d’autres mondes : la vie et le brassage social, culturel, des très grandes villes (Paris et Londres), l’introduction, à Londres, chez certaines Ladies qui l’invitent au nom de l’intégration des étudiants de tous les coins de l’Empire (!), les nombreuses amitiés qu’elle tisse ... La découverte de paysages plus accidentés que les plaines infinies du Manitoba, la contemplation de la mer, de la nature en général sont aussi un élément marquant de ces deux années de mûrissement de sa sensibilité.

Ceci pour la partie « enchantement » qui est traversée en continu par la facette « détresse », mélancolique de Gabrielle Roy : l’impression qu’elle ne trouvera jamais sa voie (elle a rapidement compris qu’elle n’est pas faite pour le théâtre), sa difficulté à produire des écrits qui la satisfassent, le sentiment de culpabilité de perdre son temps et d’avoir abandonné sa mère.

 

Catherine

 

 

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