le 23 mai 2022: la Scandinavie

Un premier jeu pour faire deviner des mots d’origine scandinave, passés dans le langage courant.


Un second jeu pour récolter des mots. La rapidité force à la spontanéité, ce qui donne des mots assez clichés.

 

Nous pouvons passer à l’écriture, avec un incipit (extrait de Åke Edwardson, Danse avec l'Ange) et des mots à placer. 

En cours d’écriture, les mots du 1er jeu sont tirés du chapeau. Ils doivent insérer être insérés dans le texte immédiatement !

Pour donner au tout une couleur encore plus scandinave, chacun reçoit deux reproductions de peintres nordiques.  Il faut s’en inspirer pour écrire.

 

 

Le mois d’avril touchait à sa fin.  Il ne faisait vraiment nuit à aucun moment. Erik lui indiqua la route.  Vers le Sud, vers l’île de Särö…

Ulla était fatiguée, la journée l’avait épuisée.  Elle avait fui sa ferme, qui désormais s’occuperait de ses animaux ? Elle avait bien demandé à son voisin, mais pouvait-elle lui faire confiance ?  Penserait il seulement à rentrer la vache à l’abri, sous le hangar ?  Pauvre vieux Mankell, atteint de la maladie d’Alzheimer, dire qu’il avait écrit tant de livres et qu’à présent il oubliait même de faire cuire les homards qu’elle lui offrait.  Oui, elle fuyait, sa vie en dépendait.  Elle avait ramé, ramé, il lui fallait absolument se cacher dans l’île de Särö.  Cela, parce que le fils de Jürgen était revenu proclamant qu’il la tuerait, qu’elle l’avait ensorcelé, dépouillé.  Jürgen était fou, il lui avait dit : « si tu vois un dahlia devant ta porte, ton heure sera venue ».  À présent, elle affrontait les vagues qui lui faisaient moins peur que Jürgen.  Peut-être que le scorbut était la cause de sa folie ?  Elle avait juste pris quelques rutabagas pour les planter à Särö.    Dominique

 

 

Le mois d’avril touchait à sa fin.  Il ne faisait vraiment nuit à aucun moment. Erik lui indiqua la route.  Vers le Sud, vers l’île de Särö…

Arnaldur, commissaire des frontières, s’enfonça dans les profondeurs du fjord au fond duquel il aperçut enfin le hangar qui devait receler les rennes volés.  En sortant de son 4/4, il enfila ses patins à glace pour traverser l’espace glacé qui l’en séparait.  Une montagne de casiers à homards barrait sa route.  Sosie de Dali, visage aux couleurs violines de dahlias fanés, Arnaldur était impressionnant.  Des rollmops émergeaient de l’une de ses poches d’imper.  Cet encas putride dégageait une vague odeur de rutabaga pourri, mais son intérêt était tendu vers son enquête sur le cheptel disparu de la ferme.    Annie

 

Le mois d’avril touchait à sa fin.  Il ne faisait vraiment nuit à aucun moment. Erik lui indiqua la route.  Vers le Sud, vers l’île de Särö…

Il avait mis sa cravate, refait sa coiffure et tailler sa moustache.  Erik savait qu’en arrivant à Särö, le vent ramènerait vers le hangar l’eau de la cascade et il ne voulait pas ressembler à un viking du Pôle Nord.  Lui, il est éleveur de saumons et donc beaucoup de responsabilités.  Rien à voir avec le « petit pêcheur de homard » mangeant du pain nordique. Lui, il avait la classe !  Il ne peut pas mettre un pull coloré et ainsi ressembler à un phoque, bien au contraire !  Lui, Erik, président de sa grande entreprise, il ne pouvait que mettre un dahlia à sa boutonnière !  Mais un jour, sur cette île, une vague le remit à sa place.  Trempé comme un phoque, il réalisa qu’il avait pu être protégé et sauvé du scorbut en restant modeste et il se mit à la culture du rutabaga.    Martine.

 


Le mois d’avril touchait à sa fin.  Il ne faisait vraiment nuit à aucun moment. Erik lui indiqua la route.  Vers le Sud, vers l’île de Särö…

Olaf connaissait bien cette île, trop bien même.  C’est là qu’il avait attrapé le virus du culturisme. La folie de toujours vouloir être plus beau, plus fort, atteindre le corps parfait.  Tous les matins, il laissait ses habits dans le hangar, ne gardait que son bonnet de laine et se jetait nu dans la mer.  Là, il remontait les vagues, évitant les pêcheurs et nageait jusqu’à n’en plus pouvoir.  Certaines fois, il était la proie de bancs de homards en furie, mais ces coups de pinces ne faisaient qu’accroitre sa hargne et sa force.  Les meilleurs jours, il nageait jusqu’aux rivages de Rötule.  Au retour, il faisait la course avec les baleines.  Après, il s’allongeait nu sur un rocher ou s’accrochait à une branche la tête en bas, sa position de repos favorite.  Il se nourrissait alors de harengs fumés à la sauce de dahlia, le regard vague, les muscles enfin relâchés.  C’était là son entrainement quotidien, remède contre les séquelles du scorbut et pour lutter contre son surpoids dû à une trop grande consommation de bonbons au rutabaga.    Françoise

 


Le mois d’avril touchait à sa fin.  Il ne faisait vraiment nuit à aucun moment. Erik lui indiqua la route.  Vers le Sud, vers l’île de Särö…

Après avoir tourné autour du petit lac, dans la clairière, l’homme s’arrêta. Il faisait chaud et moite.  Toute la journée, il avait pêché des saumons au harpon et la voiture était pleine de caisses de glace et de poissons. Il fallait faire vite mais un petit plongeon dans le lac le réveillerait, le hangar était encore loin.  Les aisselles collantes, à l’odeur de hareng, les bras rouges comme un homard, il fit plusieurs brasses et se laissa porter par l’eau, se contorsionnant comme un danseur pour détendre ses muscles.  Fatigué, il était tel un dahlia qui perd ses pétales à l’automne.  Il lui fallait plus de temps pour se retrouver enfin dans son corps.  Le ciel était clair, si clair que les collines semblaient blanches de neige.  Mais vite, sortir, s’habiller, reprendre le volant, arriver au hangar avant que la sirène (que les hommes appelaient la petite sirène) ne libèrent tous les travailleurs.  Tel un pirate déterminé malgré la perte de ses dents liée au scorbut, il fonça sur la route devenue droite et arriva sans faire de vagues.  Il freina devant le responsable à la face de rutabaga qui semblait content de le voir enfin.    Odile

 


 

Le mois d’avril touchait à sa fin.  Il ne faisait vraiment nuit à aucun moment. Erik lui indiqua la route.  Vers le Sud, vers l’île de Särö…

Mannaya suivit cette direction, mais se retrouva seule, désappointée.  En effet, devant cette immensité violette où brillaient quelques pales étoiles dans le firmament, l’eau faisait obstacle et l’empêchait de rejoindre le hangar sur l’autre rive.  Courageuse, comme ses ancêtres les Vikings, Mannaya réussit à trouver une barque afin d’atteindre son objectif.  La Suède, pays mystérieux et magnifique, permettait de pêcher les homards et de se régaler en famille.  En effet, le père de Mannaya était menuisier.  La barque dans laquelle elle s’était réfugiée était une œuvre de son cher papa. Une image insolite lui traversa l’esprit.  Son père penché sur la fabrication d’un meuble, le visage buriné, coiffé d’un bonnet, lui souriait, plein d’amour. Cela la rasséréna et elle repensa à ce que lui disait son père avec tant d’affection : « Ma chérie, ma petite dahlia préférée, tu éclaires ma vie, et parmi toutes les difficultés de notre existence, les vagues qu’il faut parfois surmonter, tu es mon rayon de soleil scandinave. »  Mannaya se mit à ramer avec ardeur, désirant retrouver ce foyer chaleureux où l’attendait son oncle, pêcheur de saumons et de harengs saurs dans la mer glacée.  Mon dieu, qu’il était heureux depuis qu’il avait interrompu ces longs voyages où parfois le scorbut pouvait l’anéantir.  Mais, grâce aux rutabagas, il pouvait maintenant pourvoir à tous les manques auxquels il avait fait face.  Ainsi c’est ce qu’en a dit Navie !    Patricia 

 

 

Pour le jeu suivant, nous nous inspirons d’un court extrait de La vierge froide et autres racontars de Jørn RIEL. 


 

Le texte est lu en 4 fois.  Après chaque coupure, nous écrivons.  Ensuite, nous prenons un moment pour écrire les transitions, avec la contrainte de faite figurer dans notre texte une phrase (la même pour tous) qui est issue du 1er jeu et une phrase tirée du chapeau, issue du texte précédent. 

 

Le chien de tête, vaillant et courageux, s’arrêta, hurlant, sentant un danger imminent.  Il se devait d’arrêter la meute, de la protéger et d’avertir son maître dont il était si proche.  Son instinct lui dictait de montrer les crocs et de se battre contre cet immense monstre des neiges : l’ours blanc !  Celui-ci ne faisait qu’un avec son environnement, qu’allait-il se passer ? Oui, elle fuyait, la meute, sa vie en dépendait.  Cet événement fit éclater de rire les chasseurs.  Ils n’avaient pas besoin de cela.  Leurs instincts, leurs cultures leur permettaient d’appréhender l’environnement et les indices laissés par les fugitifs.  Avec calme, ils se mirent sur la piste.  La meute ramait, ramait, il lui fallait absolument se cacher sur l’île de Särö.

Ce lieutenant était arrogant et fatigant.  Un café, un peu de repos, aurait permis d’instaurer une bonne ambiance, une solidarité propice au travail d’équipe, un peu de chaleur humaine dans ce désert glacial.  Mais il fallait survivre, ils en avaient fait une indigestion pendant la guerre.

Les chasseurs eurent une lueur de malice dans leurs yeux.  Et oui, une étincelle qui permet de communiquer sans parler.  Ils firent passer le lieutenant en premier, l’ovationnant en tant que chef de meute.  L’orgueil de celui-ci l’entraina dans le trou glacé qu’il n’avait pas observé.  On entendit un bruit glaçant, un cri de terreur et puis, plus rien.     Patricia.

 

Trois des hommes marchant plus vite arrivèrent au sommet et hélèrent leurs compagnons.  La baraque où ils avaient prévus de faire leur réveillon était en vue.  Les autres et les chiens avaient du mal à les rejoindre.  Les cailloux roulaient sous leurs pieds, un chien fut blessé.  Le lieutenant se chargea de l’animal et, enfin tous sur la crête, ils burent un coup.  Un coup, enfin deux ou trois.  De cet alcool, ils en avaient fait une indigestion pendant la guerre et leurs gosiers ne craignaient plus rien.  Maintenant, dans ce paysage de glace, la brume faisait s’échapper le panorama.  Les barbes gelées, les poils du nez couverts de glaçons, ils se mirent à prendre la pente assis sur les fesses et le coup d’alcool n’arrangeait rien.  Ils se perdirent tous de vue.  Qui se mit à appeler sa mère qu’il n’avait jamais connue.  Qui se mit à rêver à Mannaya, celle qui hantait leur soirée, courageuse comme ses ancêtres les Vikings, elle avait réussi à trouver une barque pour traverser cette baie où les vagues claquaient si fort.  Qui se mit à hurler au vent, à la glace.  Qui se mit à pleurer.  Qui se coucha et s’endormi.  Au bout d’un certain temps, il fallut réveiller notre gars qui, à peine allongé, ronflait. Ce ne fut pas une mince affaire.  Le lieutenant essayait par toutes sortes d’injonctions de tenir sa troupe, mais ceux-là en avaient vu d’autre et ils trainaient.  La révolte grondait en eux.  Ils en voulaient au lieutenant, passer par la mer aurait été plus facile.  La glace vive coupait le cuir de leurs bottes et le lieutenant avait les pieds en sang.  Il ne fut pas si difficile de s’en débarrasser.  D’un coup d’épaule, Herbert le poussa dans une crevasse et l’on entendit un cri horrible qui se perdit dans les craquements du glacier.    Odile

 

 

Les arbres se faisaient de plus en plus rares.  La forêt s’éloignait et la roche apparaissait.  Il faudrait un bon tapis de neige afin que les chiens ne s’épuisent en tirant ce traineau bien chargé.  Pendant la grande guerre, ces chiens en avaient fait une indigestion.  C’est pour cela qu’il fallait les ménager.  La vue brouillée, le lieutenant se senti dépité.  Que dire, que voir ?  Fallait-il continuer cette ascension ?  « Le danger est proche, soyons vigilant » chuchota le lieutenant. 

Tous furent d’accord pour se débarrasser du lieutenant le plus rapidement possible.

 « Oui, pourquoi pas… mais cela nous mettrait en danger car il est le seul à connaitre ce lieu et les dangers de cette calotte glacière » se dirent tout bas les chasseurs.  Pourtant, c’est ce lieutenant qui les sauva en sortant du traîneau les patins à glace qu’ils enfilèrent et ainsi glissèrent sans bruit et rapidement loin de l’ennemi.    Martine

 

La montée était bien plus rude qu’ils ne l’avaient prévue.  Le chien de tête fatiguait vite et, comme il ne donnait plus l’élan, le reste de la meute lambinait.  C’était dur, très dur.  A tel point que les hommes les plus lourds furent déchargés des traineaux et durent continuer à pied.  Mais le départ  avant l’aube s’était fait dans la précipitation, les hommes n’étaient pas bien préparés.  Vite, ils étaient sortis, s’étaient habillés avaient pris le volant pour arriver au hangar avant que la sirène ne libèrent les travailleurs de nuit.  Le départ sur les traineaux devait se faire dans la discrétion absolue, le lieutenant avait été formel.  La neige s’était mise à tomber subitement, glaçant tout sur son passage. Les hommes, déjà épuisés, se mirent à prier tous les saints du Valhalla pour que cette expédition dantesque s’arrête enfin. Olaf, le plus jeune, pensa que l’on pourrait sacrifier le lieutenant aux Dieux afin qu’Odin se montre enfin clément.  Mais on continue. On oublie la neige, la glace, les chiens qui piétinent, les traineaux qui s’embourbent. Si le lieutenant a dit « on continue », alors on continue !  Pourtant, Olaf en est sûr, leur mission est vouée à l’échec.  Et si se débarrasser du lieutenant était bien la solution ultime ? Fumé, accommodé avec des harengs et un gratin de topinambours… Olaf senti la chaleur du ragout dans ses entrailles. Guerre ou pas guerre, il en ferait presque une indigestion.    Françoise

 

Les huit chiens furent à la peine.  Les hommes grimpèrent sur le sommet de l’île.  De là,  ils pouvaient voir toute la côte voisine, les pavillons des bateaux navigant entre l’île et la côte.  L’un des bateaux semblait la proie de bancs de homards en furie.  Puis, l’obscurité se fit.  La nuit serait dure, ils n’avaient pas de quoi se vêtir plus chaudement.  Heureusement, le thermo contenait encore du thé chaud, mais pour combien de temps ?  Ils s’installèrent contre leurs chiens pour se réchauffer.  Tout d’un coup, au loin, le bateau attendu lança un signal.  Aussitôt, ils y répondirent.  Ils abandonnèrent le rutabaga de Marie.  Ils en diront plus tard qu’ils en avaient fait une indigestion pendant la guerre.

Effectivement, il y avait un ennemi dont ils ignoraient la nationalité.  Allemand, Japonais ?  Peut-être des Russes.  Le lieutenant était un traitre.  Ils l’avaient emmené sans rien dévoiler de leur plan.  Le traitre ne serait plus jamais nuisible.     Dominique

 

Cette montée était particulièrement rude, avec plein d’embuches, rochers glissants, buissons épineux.  Les pauvres chiens soufflaient bruyamment et bloquèrent le traineau au milieu de la pente.  Les provisions de bouche étaient pour la plupart des excédents de l’armée qui en avait fait une indigestion pendant la guerre.  Le temps était si froid que les pattes des chiens restèrent collées au sol, immobilisant la petite troupe.  Désespérés, les hommes se consultèrent et, de concert,  urinèrent sur les pattes des chiens, espérant ainsi les libérer de la gangue de glace.  Seul le lieutenant refusa ce geste salvateur, refus qui s’ajouta à des comportements antérieurs inacceptables.  Le groupe le poussa dans un sérac très profond ou le pauvre bougre finit trempé comme un phoque.    Annie

 

 

 

 

 

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