voici le premier texte avec comme consignes:
- un incipit
- un lieu, un personnage, un aliment et un mot tirés au sort
- des mots "russes" à placer en cours d'écriture.
André Vassiliévitch Kovrine, agrégé de philosophie, était fatigué, il se
sentait les nerfs un peu malades.
Juste de retour de Saint Pétersbourg, il n’aspirait qu’à une chose :
quelques jours de repos dans sa datcha.
Loin du bruit, de l’agitation, le calme de la forêt aurait un effet
apaisant sur ses nerfs fatigués. Il
avait en effet l’impression d’avoir eu la tête traversée par tout un groupe de
houligans. Même la vodka ne lui faisait
plus d’effet. Il tournait en rond et une
question revenait en boucle dans sa tête : qui était donc
Potoraski ? Ce n’était pas le
moment d’aller au bistro, les photos des rescapés du goulag le feraient sombrer
dans une mélancolie sans fond. Une rafale de kalachnikov retentit au dehors et
le tira de ses sombres pensées. Il était
temps d’agir. Mais sa tête, aujourd’hui,
pesait plus lourd qu’un mammouth.
Caroline
André Vassiliévitch Kovrine, agrégé de philosophie, était fatigué, il se
sentait les nerfs un peu malades.
car ce matin il avait eu une discussion avec une danseuse du grand ballet russe. Une femme vraiment à l’âme russe qui habite
une datcha au sud de Moscou. Elle avait
démarré toute une philosophie sur la comparaison entre le hooliganisme et le
caviar. Tous les deux, on les trouve
dans les bistrots à Stalingrad et tous les deux sont rares. Elle prétendait que tous les houliganes
devraient être envoyés dans des goulags en Sibérie et sans caviar. Et à la fin de la discussion, elle proposait
d’envoyer des kalachnikovs aux grandes surfaces en France qui s’appellent
Mammouth pour faciliter la vente.
Paul
André Vassiliévitch Kovrine, agrégé de philosophie, était fatigué, il se
sentait les nerfs un peu malades.
Il but d’un
trait son petit verre de vodka. Il se
sentit comme Baba Yaga. Pour s’éloigner
le plus rapidement possible de cette sorcière, il courut sur la grande
place. Au fait, cette grande place,
comment s’appelle-t-elle ? Comme ces datchas pourtant si connues à la
sortie de Moscou. Vodka et Baba Yaga ont
fait leurs dégâts…
Pourvu que
je ne rencontre pas ces houligans, se dit André Vassiliévitch Krovine… Ce n’est
pas en philosophant avec eux et vu mon état alcoolisé que je m’en
sortirai. Ouf, le bistro était juste à
l’angle. Un peu de repos et un bon café
noir bien serré pour me remettre de ma peur et de ma vodka ! Quelle diversité dans ce bistro. Il y avait Nathalie, cette si jolie
guide. Je pourrais la suivre jusqu’en
Sibérie, même jusqu’au goulag s’il le fallait.
« Elle avait un si joli nom mon guide… NATHALIE ! » Dans ma tête, aïe, aïe, la vodka continuait
son effet. J’avais l’impression
d’entendre le tir d’une kalachnikov.
Jamais je ne l’aurais utilisée même si un mammouth me chargeait. Pourquoi n’irait-il pas danser au
Bolchoï ?... je dis n’importe quoi.
Pourvu que le café me fasse reprendre mes esprits et que ce mammouth
retourne dans sa steppe. Et que Nathalie
me fasse traverser la Place Rouge sous les applaudissements des houligans
redevenus des hommes. –« André, retourne te reposer dans ta datcha et
merci pour ce voyage dans ton pays. »
Martine
André Vassiliévitch Kovrine, agrégé de philosophie, était fatigué. Il savourait le samovar de thé, il se sentait
les nerfs un peu malades.
Il allait à la datcha se reposer. Il
partait voir le Bolchoï pour se changer les idées puis il allait se promener
dans la prairie. Puis, il apercevait les
houligans, il était apeuré. Il prenait
ses jambes à son cou et traçait son chemin.
Ensuite, il écoutait une très belle chanson dans un bistro où il buvait
de la vodka ou du café. Puis il dansait.
A boire, il s’est retrouvé au goulag.
Et oui, boire ou conduire il faut choisir. Je pense que cet endroit n’a pas bonne
réputation et on n’y est pas bien car il y a des personnes qui ont des kalachnikovs
plein les mains. Et ça, c’est pas
terrible pour ces hommes et ces femmes.
Et puis vient le mammouth qui tourne autour ; « Va-t’en, tu vas te faire tuer comme
les autres ! Pour moi paix et
bonheur pour tout le monde. »
Christiane
André Vassiliévitch Kovrine, agrégé de philosophie, était fatigué, il se
sentait les nerfs un peu malades.
Alors, pour se remettre un peu en forme, il demanda à son domestique de lui
apporter un verre de vodka ainsi que ses poupées russes car il adorait les
empiler et les disposer partout dans sa datcha, chaque fois différemment. Il vivait en Sibérie, dans un désert très
grand. De temps en temps, l’été, des
jeunes venaient jouer aux houligans pas loin de sa cabane. Il n’aimait pas aller au bistro avec les
autres de son âge car il préférait être seul et, surtout, sa vodka à lui était
bien meilleure ! Il buvait
beaucoup, cela l’aidait à oublier que sa femme et ses enfants avait été emmenés
dans un goulag puis tués avec les autres réfugiés. Lui avait réussi à s’enfuir et vivait
maintenant seul rongé par la culpabilité.
La nuit, il faisait des cauchemars avec des kalachnikovs. Heureusement que son domestique était là pour
lui apporter son verre de vodka.
Parfois, quand il en buvait trop, il voyait des mammouths par la
fenêtre, mais cela n’était que son imagination.
Malgré cela et les médicaments, il tomba encore plus malade. Un jour, alors qu’il allait mieux, il décida
de sortir pour voir les jeunes jouer aux houligans (même s’il détestait
ça). Malheureusement, un joueur percuta
le vieil homme et il mourut sur le champ.
Son serviteur l’enterra et reparti vivre en ville car il en avait assez
de vivre reclus.
Perline
André Vassiliévitch Kovrine, agrégé de philosophie, était fatigué, il se
sentait les nerfs un peu malades.
La vie à Moscou était trop rapide et bruyante depuis que Lénine était tombé
de son piédestal. Tous les soirs, sur la
Place Rouge, ça dansait, hurlait, rigolait.
« Eh yo kalinka et kalinka »
Ces « kalinka » étaient comme des petits marteaux sur son
épiderme, voir plus loin dans son corps.
Une datcha, au calme dans la forêt de bouleaux de son enfance, près de
lui un samovar avec son thé préféré.
Mais alors qu’il se projetait au calme, maintenant c’était une bande de
houligans qui avait investi la place. Et
leurs « kalinka » et « katchaka » qu’ils lançaient comme un
cri de guerre lui arrachaient les tympans.
Un petit bistro parisien, celui où il allait pendant ses études de
philo, c’est ça dont il rêvait comme refuge maintenant. Sa chambre de Moscou lui semblait aussi peu
confortable dans ce vacarme qu’une cellule de goulag. Dehors, toujours ces « kalinka
katchaka » des houligans de plus en plus fous, excités, certains avec
leurs kalachnikovs tiraient vers le ciel.
Mais le ciel, que leur avait-il fait ? André Vassiliévitch, en pleine régression, se
rêvait mammouth et s’imaginait galopant sur la place et, d’un coup de patte,
« kalinka tchak » écrasait ces vauriens !
Odile
André Vassiliévitch Kovrine, agrégé de philosophie, était fatigué, il se
sentait les nerfs un peu malades.
Assis à sa
fenêtre, il regardait avec inquiétude et tristesse le désert blanc de neige qui
s’étendait silencieusement devant lui.
La nuit profonde était descendue imperceptiblement sur la plaine
transsibérienne qui entourait sa datcha.
Sans avertissement, des cris rêches et stridents déchirèrent le
silence. Les houligans reviennent ! André a beau essayer de chasser ces bruits horribles avec la bonne odeur de la
goulache qui mijote sur le feu, ou avec des rêveries tchekhoviennes, ou des
soirées agréables au bistro, c’est toujours la vengeance et ses souvenirs des
années passées au goulag qui reviennent.
Des volées de kalachnikov, des hommes qui tombent en rafales, du sang
partout. Avec un suprême effort, il
s’efforce à repenser à son mammouth, celui qui sur les steppes glacées de sa
mémoire vient le prendre dans sa trompe protectrice et le porte doucement en
sécurité…
Candy
André Vassiliévitch Kovrine, agrégé de philosophie, était fatigué, il se
sentait les nerfs un peu malades.
La veille, à la sortie du cours qu’il assure tous les mardis au Collège Français,
il s’était lancé dans une danse tourbillon avec Madame Olga, la professeur de
russe. Il en avait profité pour lui
glisser dans l’oreille une invitation pour un weekend end dans la datcha au
bord de la Volga. Mais non, Madame Olga
ne partira pas avec lui ! Depuis, Andreï Vassiliévitch broyait du noir
comme un hooligan désœuvré. Madame Olga
lui préférait certainement ce Molotov, ce professeur de chimie plus que
douteux. N’était-ce pas eux qu’il avait
aperçus au bistro, grignotant ces typiques petits gâteaux aux graines de
pavot ? Mais il n’avait pas dit son
dernier mot, Andreï ! Il se sentait
l’âme d’un apparatchik capable d’envoyer n’importe quel innocent au
goulag. Sa vengeance serait
terrible. Il allait de ce pas inviter
Madame Ludmila, la professeur de danse aux jambes aussi gracieuses qu’une
kalachnikov. Ce n'était pas pour rien
qu’il avait investi dans cette fourrure en mammouth hors de prix pour équiper
la datcha du bord de la Volga !
Françoise M.
Le second texte: "dans le Transsibérien avec Sylvain Tesson"
Un court extrait de L'Axe du Loup est lu avec 5 interruptions. A chaque coupure, on écrit... Seule la phrase précédant la première interruption a été recopiée.
Lors d’une halte, deux Russes montent dans mon compartiment,
Nina et Sergueï.
Nina était d’une blondeur splendide et Sergueï si frêle pour
un russe. Je les observais essayant de comprendre
quel lien les unissait. Dehors, toujours
une blancheur laiteuse, le train continuait son ronron. Sergueï se leva, sorti dans le couloir en me
jetant un regard dur et froid. Lui, si
petit et si frêle, comment ses yeux bleus pouvaient-ils avoir cette
force ? Je compris bien vite que je
devais me tenir sur mes gardes et ne rien entreprendre avec Nina.
Nina est là, genoux serrés, regard perdu sur le paysage qui
défile mais tenant fermement un sac visiblement rempli de nourriture. L’odeur des saucisses dans leur sac me donne
des crampes d’estomac. Il faut dire que
la restauration à bord du Transsibérien propose soupe sur soupe et un bout de
porc ferait bien mon affaire, faute de conter fleurette à la belle Nina. Elle semble avoir profité de son séjour en
sanatorium plus que le petit Sergueï aux yeux glacés.
Sergueï, revenu de sa déambulation dans le couloir, m’invite
à manger du saindoux. Juste du saindoux
qu’il me sert, à moi qui ne rêve que du décolleté de Nina ! C’est un pourri ce p’tit gars-là, à croire
qu’il a manipulé des tas de compatriotes et qu’il se régale avec l’étranger que
je suis. Maintenant, c’est bières sur
bières, fortes, amères et tièdes.
J’ai vite besoin de trouver les toilettes et je m’échappe de
cette débauche de gras et de bibine. Finalement, un bon bortsch de betteraves,
ce n’est pas si mal. Mais dans le bol
qui m’est servi, deux grosses betteraves surnagent : les seins de Nina,
là, devant moi à nouveau ! Plus
fermes que ceux de la serveuse Ludmilla.
Je ne peux plus rien avaler, je retourne me coucher. Une purée fumante m’attend au
compartiment. Je n’en peux plus. Je n’ai qu’une envie, celle de crépir le
Sergueï avec… oserais-je ?
Odile
Lors d’une halte, deux Russes montent dans mon compartiment,
Nina et Sergueï.
Nina et Sergueï montent dans le train avec leurs bagages et
les gâteaux et la vodka pour la route.
Ils entrent dans le compartiment et commencent à chanter et à
danser. Sergueï sort son accordéon et
tout le monde est content, joyeux pour faire cette longue route. Puis montent des voyageurs, des voyageuses et
des enfants avec leurs sacs et dedans se trouvent plein de bonnes choses
Ils engloutissent les saucisses, le goulache et tout le
monde mange. Hum, quelle
odeur ! Tout est mélangé mais tout
ça est bien bon. Et hop la
vodka ! Un petit coup c’est
agréable, boire un petit coup c’est doux…
Et puis le train roule, roule avec ses paysages magnifiques.
Sergueï et Nina m’invitent à les aider pour boire cette
bière. Je n’ai pas l’habitude mais pour
pas les vexer je trinque avec eux. Une
et puis deux, il faut que je fasse attention car je ne tiens pas l’alcool. Mais avec la musique je me sens bien, et un
pas puis deux. Quelle joie d’être
ensemble et de s’amuser et de chanter.
Je suis partie au wagon restaurant pour boire quoi ?...
du café bien sûr car je pense que je ne suis pas dans mon état normal et puis
je mange très léger car j’ai le ventre qui a gonflé. Tout ça n’est pas très sérieux mais ce n’est
pas grave, je suis bien.
Nous nous sommes bien régalés, merci pour tout, pour
l’ambiance et pour ce partage. Bon
voyage à tous !
Christiane
Lors d’une halte, deux Russes montent dans mon compartiment,
Nina et Sergueï.
C’est un jeune couple qui rentre de voyage de noces,
fatigués mais heureux. Nous faisons un
peu connaissance, mais j’ai l’impression qu’ils cachent un secret. Ils parlent peu d’eux et m’interrogent
beaucoup. Je reste prudent malgré leur
air sympathique. Après avoir bavardé,
ils ouvrent leur sac rempli de nourriture et je me rends compte, maintenant,
qu’ils ont les joues creuses et semblent affamés.
Ils engloutissent les saucisses, le pain, les fruits avec
une rapidité effrayante ! Après
avoir terminé, je leur demande s’ils veulent un peu de mes provisions. Après une brève hésitation, Sergueï accepte
volontiers et me remercie avec ferveur.
Ils mangent à nouveau et finissent la moitié de mes provisions à la même
vitesse.
Après cela, ils
sortent la bière et proposent de la partager.
J’accepte volontiers mais je me promets de ne boire qu’une demi car ils
sont peut-être affamés et généreux, ils n’en restent pas moins étrangers. Malgré cela, je bois avec eux toute la nuit
en rigolant de leurs blagues et en parlant fort. Puis, je m’endors.
Le lendemain, les voyant encore en train de boire, je
m’échappe le plus vite possible. Je me
retrouve au wagon restaurant afin de les éviter, surveillant l’entrée de peur
de les voir arriver pour venir me chercher.
Les gens me regardent bizarrement mais cela m’est égal, je ne veux pas
retrouver ce sentiment de danger perpétuel en leur présence, ils me font
peur. Mais la nuit, le wagon restaurant
ferme et je suis bien obligé de rejoindre mon compartiment.
Quand j’ouvre la porte, je les vois tous les deux assis face
à moi avec, devant eux, trois bouteilles de bières encore fermée. Alors, en cœur, ils prennent la parole et me
disent : « Nous t’attendions pour commencer et te voilà… alors bon
appétit ! »
Perline
Lors d’une halte, deux Russes montent dans mon compartiment,
Nina et Sergueï.
Nina et Sergueï sont frère et sœur, heureux de monter dans
le Transsibérien pour rejoindre leurs vieux parents qui vivent aux environs de
Vladivostok.
Soudain, dans le couloir, retentit la cloche qui annonce que
le wagon restaurant est ouvert. Cela me
donne faim avec mon petit sandwich aux harengs, je me sens ridicule. Mais je l’englouti aussi goulument que le
repas de ces deux jeunes gens.
Sergueï m’offre une bière.
Cette bière me convient et elle brise cette gêne. Nous voilà en grande conversation et les 6°
de cette bière nous permettent de refaire le monde.
Mais gardons nos distances, il y a encore de la route… du
train à faire ! Soudain une odeur
agréable arrive à mes narines et Nina s’écrie : « Allez, nous
partageons cette purée avec toi. Elle
nous rappelle tant celle que prépare Petite Mère. Allez, goûte-y. Bientôt nous en aurons chez nos parents. » C’est vrai qu’elle est bonne et cela me remet
de cette Ludmilla et ces verres de vodka.
Martine
Lors d’une halte, deux Russes montent dans mon compartiment,
Nina et Sergueï.
Ces deux jeunes sont en quête d’aventures et voyagent sans
autres buts que d’aller à la découverte de nouveaux horizons et de rencontres
authentiques. Ils nous saluent,
s’installent, posent leurs chapkas et ouvrent leur sac.
Puis ils sortent des tasses et offrent à tous un thé
fumant. Leur sac semble sans fond. Sandwichs, gâteaux et samovar font suite aux
saucisses.
Mais bientôt, l’alcool remplace le thé et me voilà embarqué
dans une beuverie sans fin. Bières,
vodka… le wagon entier se met à chanter, à danser.
J’essaie de m’échapper et me faufile jusqu’au wagon
restaurant. C’est le milieu de la nuit
et le calme y règne, entrecoupé ici et là par la passage des contrôleurs qui
finissent par me remarquer et me renvoient dans mon wagon.
Sergueï et Nina m’y attendent : « Te voilà, nous
allions partir à ta recherche, tu n’as pas fermé la porte ! »
Caroline
Lors d’une halte, deux Russes montent dans mon compartiment,
Nina et Sergueï.
Ils me demandaient si c’était bien le train pour Vladivostok
et s’asseyaient au fond du compartiment.
Nina se mit à chanter. Sergueï
sortait sa bouteille et sa gamelle.
Sergueï adorait les saucisses à l’apéro avec une vodka très
fraiche. Mais plus Nina chantait, plus
Sergueï faisait des grimaces et plus il buvait.
Il m’invitait à boire une bière avec eux, une bière belge
trop tiède. Et comme j’ai horreur de la
bière tiède, j’ai refusé poliment pour la boisson. Les saucisses, au contraire, étaient
formidables, pas trop sèches et très bien épicées !
J’allais prendre l’air au restaurant. Et là aussi, on sert des
saucisses ! Mais heureusement avec
de la bière ou de la vodka très très fraiches.
Quand je suis rentré dans mon compartiment, Sergueï me
dit : « Punaise ! On a oublié d’imprimer nos
tickets ! »
Paul
Lors d’une halte, deux Russes montent dans mon compartiment,
Nina et Sergueï.
Les deux jeunes Russes, clairement très amoureux, ont mis
leurs valises sous le banc et se sont installés tout proches l’un de l’autre
avec un air inquiet. Est-ce qu’on les
poursuivrait ? S’étaient-ils
échappés ? Etaient-ils saufs ? Ce sont les questions que je me posais alors
qu’ils ouvraient leur bagage avec frénésie.
Leur faim évidente et le bruit qu’ils faisaient en mangeant
en disaient beaucoup. Ils avaient
évidemment énormément souffert. La
saucisse devenait confort et symbole d’espoir.
Quand les deux m’ont offert leur vodka, j’ai mieux compris. Ils avaient besoin de témoins, de preuves
que, oui, maintenant ils étaient en liberté.
En liberté de boire et de manger comme tout le monde, comme les
« normaux ».
Je n’en pouvais plus !
Je me suis échappé à mon tour.
Dans le resto je pouvais me cacher, m’échapper de cette atmosphère
étouffante qu’ils avaient créée dans notre wagon de train. Ils exultaient mais je ne pouvais pas suivre.
Dommage, j’aurais dû faire un effort car la vodka au lait et
le bortsch ne s’entendent pas avec moi.
« Viens, dit Nina avec une voix chaleureuse, tu nous as
aidé, viens partager ! »
Candy
Lors d’une halte, deux Russes montent dans mon compartiment,
Nina et Sergueï.
De suite, je ne peux m’empêcher de jeter un œil, voire même
deux, sur les jambes magnifiques de Nina.
Je me prends à rêver. Peut-être
est-elle danseuse au Bolchoï et Sergueï est son domestique, son costumier, son
homme à tout faire. Mais certainement
pas son homme tout court ! Et elle
a pris la fuite pour échapper au puissant dirigeant du parti qui veut en faire
sa maîtresse.
Maintenant, ils mangent à perdre haleine, surtout Sergueï
qui est gras et rougeaud. Nina a beau
s’empiffrer, elle reste toujours aussi jolie, les joues rebondies lui vont
bien. Ils sont en fuite et ils n’ont
plus mangé depuis des jours. Mais d’où leur vient ce sac de
victuailles ?
Bien sûr, je pourrais
les aider à le vider mais je ne me sens pas très bien. J’ai le moral dans les chaussettes et
l’estomac dans les talons depuis mon weekend à la datcha avec Madame Ludmilla.
Son rythme de kalachnikov m’a carrément mis par terre. Alors, cette saucisse trempée dans le
saindoux, je crois que ce n’ai vraiment pas raisonnable. Ca ne passera tout
simplement pas !
Le wagon restaurant sert une vodka aux herbes de bison et
poils de mammouth absolument délicieuse.
Elle me fait oublier tous mes malheurs des jours passés. Et si je m’enfuyais à la datcha avec
Nina, la danseuse du Bolchoï ?
De retour au compartiment, Sergueï me sourit :
« Monsieur Andreï, vous êtes tellement sympathique, on vous invite à notre
mariage à Vladivostok ! »…
Françoise
M.
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