le 17 décembre 2018: mettons des mots sur nos colères


1er jeu :

un jeu pour se délier la main sans se prendre au sérieux.  Le résultat est donc à la hauteur, sans prétention.  Si vous voulez vraiment savoir, le résultat est en bas de page.  En haut de la feuille, on écrit une colère du moment, pas nécessairement SA colère la plus profonde.  On passe la feuille au voisin qui écrit une question concernant cette colère.  La feuille va circuler de voisin en voisin pour un jeu de questions-réponses où les phrases précédentes sont à chaque fois cachées à la vue.  Une sorte de cadavre exquis…


2ème jeu et le 3ème jeu qui y répond :

Sur un bout de papier qui ira au chapeau, on écrit le nom d’un vêtement.  Par un subtil jeu de roulette à l’aveugle, chacun reçoit une couleur.

 Vêtement tiré du chapeau et couleur sont associés.  On va écrire en répondant à cette question: muni de ce vêtement, quelle cause suis-je prêt à défendre ??

Lors des lectures, on se montre particulièrement attentif au texte d’un écrivant (choisi au hasard).  On se met dans la peau du président et on va lui répondre en insérant obligatoirement 6 mots retenus car rimant avec gilet et jaune.


Les odeurs de pied étant une vraie souffrance de notre société, je voudrais militer en faveur du port de chaussettes propres et de couleur vert anis.  Si tous les travailleurs qui ont une longue station debout, comme par exemple les CRS, les Gilets Jaunes, les vigiles, etc. manifestaient avec les dites chaussettes, nous ferions un grand pas dans l’éradication de ces odeurs intolérables.  Les chaussettes devront être propres, donc changées chaque jour cela va de soi.  Quant à la couleur verte, elle joue un rôle prépondérant car c’est celle de la chlorophylle, de la fraicheur et nous aurions un panel de couleurs variées.  Ralliez-vous donc à mes chaussettes !

     Annie

la réponse du président :
Mes chers concitoyens.

Vous qui passez votre vie debout, tels des chevalets de peintre dans le jardin de Monet… mais je m’égare pauvres autochtones des ronds-points, Monet, vous connaissez ?  Donc je me reprends.  j’ai donc lu un entrefilet dans votre presse locale qui parlait de votre proposition de chausser toute cette faune dressée -enfin vous comprenez, je parle de vous les gens debout, travailleurs adiques aux gobelets de café aux nombreuses poses que vous savez si bien prendre-  Bah, je sens que je vais vous perdre avec mes phrases trop longues.  Revenons à cette proposition de chausser de chaussettes vert chlorophylle tout un chacun.  Vous me suivez toujours ?  Tout un chacun, c’est vous, les travailleurs aux pieds odorants.  Je me veux pédagogue, alors je vous explique, vous suivez ?  En bref, oui je vous ferai l’aumône uniquement pour que vous puissiez vous procurer tous et toutes, ou excusez-moi toutes et tous si on est galant, ces fameuses chaussettes du vert qu’il vous plaira pour débarrasser la France de vos odeurs de pied !

     Odile


une autre cause à défendre :
Une robe à pois bleu nuit pour pouvoir revendiquer le lever tardif et naviguer chez moi devant mon bol de thé.  On ne sait pas si je suis encore en robe de chambre ou en tenue de ville et cet entre-deux me plait infiniment.  Quand je suis triste, je peux compter les poids de ma robe.  Quand je suis gaie, je tourne à toute vitesse et les pois deviennent des lignes, des ellipses.  J’aime trop la liberté du coucher tard et du lever tout aussi tard malgré le dicton qui dit que la vie appartient à ceux qui se lève tôt !  Je revendique, dans ma robe à pois bleu nuit, une intemporalité, une confusion du jour et de la nuit, une liberté sans code, faisant fi des conseils de santé sur le sommeil, de la chronobiologie.  Bref, je revendique la liberté !

     Cécile

La réponse du président :
Françaises, Français

La situation chaotique n’a que trop duré.  Vous voulez vous complaire dans l’oisiveté ?  Et bien soit !  Je serai le président qui fait l’aumône à son peuple tendant un gobelet pour ramasser quelques sous.  Si ça vous chante :

-     vous pourrez paresser tant qu’il vous plaira,

-     tournoyer dans vos robes à pois du matin jusqu’au soir,

-     vous emplir d’énormes bols de thé du soir au matin,

-     vous levez tard un entrefilet de bave sur les draps. 

Je m’engage donc à ce que, d’ici à début janvier, chaque autochtone soit équipé, aux frais de la mairie, d’une robe à pois.  Mais attention, seules les robes à pois bleus seront tolérées et uniquement dans l’intimité des maisons.  Si un individu est pris en flagrant délit d’errance sur un trottoir, à l’extérieur de son logis, couvert de pois, il sera cloué au pilori,  exhibé sur ce chevalet de la honte, en place publique, au milieu de la faune locale.  Non mais, vous voulez du changement ?? Vous l’aurez !!

     Françoise


cause suivante:
Parée d’un porte-jarretelle en dentelles de Calais blanc comme neige, je sors de ma profonde pudeur pour revendiquer le droit à dire tout et n’importe quoi, à n’importe qui, partout et en tous lieux.  Stoppons la langue de bois.  Mettons nos hommes dehors, sur les ronds-points, recouverts de dentelle de calais blanche, nus dans la neige. Les poils virils trouant la dentelle seront d’un tel effet que les foules enserreront les ronds-points en ânonnant.  Imaginons tous les pisse-froid qui nous enquiquinent dans la vie de tous les jours dévoilant leur intimité maintenant endentellée.  Tous pareils, tous égaux !  Et c’est sans compter sur la production de masse de dentelle qui redonnera un boom économique à ce bassin minier tombé plus bas que terre.  Après le noir, le blanc.  Bref, tout et n’importe quoi !

     Françoise

La réponse du président :
Salut, c’est Manu.  Comme vous me l’avez demandé, je suis descendu, non pas de mon 5ème à Saint Denis, mais de mon piédestal.  Juste un petit entrefilet au préalable, pour les autochtones de Saint Denis justement, comme ça j’en aurai fini de suite avec la faune, n’est-ce pas cher ministre ?  Apportez-moi un gobelet du meilleur whisky, merci !!

Ceci étant fait, j’ai choisi parmi toutes les revendications celle qui permettra par sa mise en place de remettre en selle l’économie du nord de la France.  Tous les hommes devront se tenir sur les ronds-points une fois par mois, en porte-jarretelles blanc comme neige en dentelle de Calais, surtout les plus poilus, été comme hivers, il va sans dire.  C’est bien ce que vous désiriez ??  Ils devront se croquer l’un l’autre.  Je m’engage à fournir les chevalets et les crayons.  Voyez que je ne fais pas l’aumône !!  C’est une aide conséquente, le chevalet…

Que la joie et la bonne humeur soient avec vous !

Vive la France !!

     Marie-Jo

une autre cause à défendre :
Je revendique :

-         le droit à l’incohérence

-         le droit à la douceur, même dans les coins intimes

-         le droit à avoir un peu de chaleur là où parfois on en manque

-         le droit à arborer une autre couleur que le jaune pour se révolter

-         le droit de jouer avec un fil de laine

en me présentant devant vous seule dans mon string en mohair blanc cassé.

     Marie-Jo

La réponse du président :
Chères Citoyennes, Chers citoyens

Vous voulez de la chaleur ?  Ecoutez Marie-Jo, ministre autochtone qui conseille de porter un string en mohair, mohair produit par une faune au pelage blanc cassé.

Vous voulez de la cohérence ?  Ne faites pas l’aumône en string car cet entrefilet ferait jaser.

Vous voulez de la douceur ?  Attention ce brin de laine sera votre fil conducteur.  Avec plusieurs, tricotez-vous plutôt un gilet…euh non… un pull, et installez-vous devant votre chevalet, un gobelet de peinture à la main et, à portée de main, un gobelet de vin chaud ou un bon grog car, en string, vous n’aurez que choper un rhume.

Votre président (qui retourne au chaud).

     Martine


encore une cause :

Je défends la liberté de la femme : qu’elle s’habille pour se plaire à elle-même, sans arrière-pensée.  Bien sûr, la femme a le droit de vouloir plaire à une autre personne, se sentir belle et plaisante vêtue d’un porte-jarretelle surtout s’il est bleu ciel.  Est-ce que cette couleur serait moins osée ?  Ôterait-elle à ce dessous le côté aguicheur qu’il a quand il est noir ?  Le bleu ciel apaise, apporte un sentiment sincère.
     Martine

la réponse du président :
Femmes de notre pays, je vous ai comprises.
La faune féminine est pour moi sans mystère, et mon grand bonheur sera d’inciter les boutiques de sous-vêtements de s’approvisionner en porte-jarretelles bleu ciel. Pour cela, je les exempterai de toutes taxes, ce ne sera point une aumône, soyez en sûres ! Le bleu ciel va revaloriser la production des pigments extraits des plantes tinctoriales du sud de notre cher pays, comme le pastel autochtone du Gers. Le bleu ciel, j’en suis convaincu, va apaiser les ardeurs masculines intempestives. Je ferai publier un entrefilet dans les journaux pour informer de mon sentiment sincère vis-à-vis des femmes belles et plaisantes. Nous organiserons une manifestation pour la liberté de la femme. Venez avec vos gobelets. Je ferai suspendre des porte-jarretelles sur des chevalets.
     Annie

 

une dernière cause:
Amis pêcheurs du Golfe de Loc’Maria.
Il est temps de nous mobiliser contre les quotas de pêche.  On vous fait croire que les océans sont vides, que les poissons les fuient !  Partons tous cette nuit et sans bruit vers l’hôtel du département.  Pour cela, je vous ai apporté un stock de chaussettes chaudes bleu océan, symbole de notre trop long silence.  Nous marcherons sans bruit, en chaussettes donc.  Il ne pleut pas, il ne neige pas.  Courage mes collègues, et ce n’est pas un peu d‘humidité sur nos orteils qui doit nous faire peur, nous qui de nuit comme de jour avalons des paquets de mer pour rejeter de nos filets et chaluts toutes les prises de moins de 20 cm.  C’est en chaussettes bleu océan que nous irons leur dire que la mer n’est pas vide.  Ils le savent bien eux puisqu’ils y jettent leurs déchets, leur lisier, leurs résidus de centrales nucléaires, leurs vidanges de porte-containers.  C’est en chaussettes bleu océan que nous irons leur dire que les petites prises font les meilleures soupes,
que les petites sardines font les meilleures grillades
que les petits cabillauds font les meilleurs bacalhau
Ma grand-mère portugaise me le disait quand j’étais petit et qu’elle me tricotait des chaussettes !
     Odile

La réponse du président :
Moi président, ayant bien entendu vos revendications et lu nombre d’entrefilets de vous, les pêcheurs autochtones, je vais répondre que la faune de nos mers est en danger, et vous le savez.  Certes, la mer n’est pas vide.  Mais prôner la consommation de petits poissons est une aberration.  Mon ministre de l’environnement vous l’a dit et redit : la surpêche est un réel danger !  Votre tenue de pêche avec vos chaussettes bleu océan, symbole de vos revendications, n’y fera rien !  C’est très joli mais c’est tout !  Je ne reverrai pas vos contrats de pêche dans le sens que vous demandez, je le reverrai en confortant les obligations de respect de l’univers marin dans sa totalité.  Inutile de me jeter ce gobelet d’eau de mer au visage, je ne ferai que renforcer la législation.  Vous demandez l’aumône en revendiquant une prime…vous n’aurez rien !  J’ai planché, penché sur mon chevalet, en examinant toutes vos revendications de « chaussettes bleu océan ».  Ce que je vous propose c’est une aide à la reconversion et une demande ferme, celle de remettre à l’eau les petits poissons.

     Cécile


 







 

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