Un atelier d'écriture sur le thème du "Printemps des poètes"
auxquels nous ajouterons les "dis-moi dix mots" de la semaine de la francophonie.
Nous commençons par créer et donner vie à:
l'automne
des journalistes
la fin d'été des maitresses d'école
l'automne
des sages-femmes
le printemps des accordéonistes
l'été des bûcherons
Ensuite, nous imaginons ce qui a bien pu
se dire et se passer
entre les personnages de l'affiche
Enfin, voici nos textes poétiques avec trois contraintes
(elles apparaissent en bleu dans les textes):
- un incipit et une notion poétique tirée dans le chapeau
- les 5 étapes de l'effeuillage
- 5 mots tirés au sort parmi les 10 mots proposés par la Semaine de la francophonie
L’aimable fée apparait à mes yeux. Ses doigts distraits effeuillent un rayon de soleil qui transperce un nuage et qui vient illuminer le sentier qui s’enfonce dans la forêt. Je me force à me lever et à reprendre mon sac.
Je l’aime un peu plus chaque jour cet
itinéraire que j’ai entamé il y a quelques jours. Pas besoin d’un dépanneur,
je suis encore assez souple et mes chaussures me porteront allègrement jusqu’au
terminus.
Je l’aime beaucoup ce fada qui m’attend au bout du chemin. Il est champion des accordéonistes et anime
les bals dans les guinguettes du village, tout au long de l’été des bucherons.
Son jeu, je l’aime passionnément,
pas lui avec ses airs de lumerotte. Il est un bon copain, c’est tout !
Quand on se retrouve nous faisons la fête jusqu’aux petites
heures et nous mangeons les spécialités régionales avec plusieurs verres de
mousseux. Lorsque j’ai la tête qui
tourne, j’imagine que j’aime ce fada à la folie.
Mais cette fantaisie champagnée
retombe au petit matin quand les lueurs de l’aube apparaissent et que nous
sommes tous les deux assis sur la ristrette
à contempler les étoiles. Et, la gueule
de bois qui commence à surgir, je ne l’aime pas du tout.
(Anne)
L’aimable fée apparait à mes yeux. Ses doigts distraits effeuillent une formule
mathématique incompréhensible.
Je l’aime un peu la fée, pas la formule vigousse qui me carabousse et m’éclabousse la
frimousse.
Je l’aime beaucoup la
mathématique du chafouin qui râle sur son
tas de foin en comptant les balles qu’il a rentrées avant que la pluie se mette
à tomber
Je l’aime passionnément le champagné incompréhensible qui lâche ses bulles rythmiquement
au son de l’accordéon, à croire que le vigneron a programmé cela
mathématiquement
Je l’aime à la folie la ristrette qui grince encore plus que ma vieille
poussette et où les petits, après trois risettes, y font des siestes sans
demander leur reste.
Je n’aime pas du tout dracher le long
des quais qui puent l’humidité, le poisson salé et le gasoil échappé des vieux
rafiots bariolés.
(Odile)
L’aimable fée apparait à mes yeux. Ses doigts distraits effeuillent le
scintillement du soleil sur l’eau qui parfois m’ébloui aussi.
Je l’aime un peu comme ce tap-tap, jouet de mon enfance, mais qui parfois
faisait trop de bruit.
Je l’aime beaucoup et lui
ferai plein de vigousses.
Je l’aime passionnément cette lumerotte qui éclaira mon enfance me rappelant le
scintillement du soleil sur l’eau. Nous
allions avec ma grand-mère au bord de ce lac avant d’aller à cette fabrique.
Je l’aime à la folie cette poudrerie qui embaumait le quartier. Et, quand j’embrassais ma grand-mère, sa
poudre de riz sur ses joues me chatouillait les narines.
Au fait, sur ce lac Les
Ibis du Vérinet, il y avait des cygnes et ma grand-mère nous disait de nous
en méfier quand nous leur donnions du pain.
Et toute petite je disais « je l’aime
pas du tout, vilain chafouin ! »
(Martine)
L’aimable fée apparait à mes yeux. Ses doigts distraits effeuillent la nuit
étoilée.
Elle me
parle tout doucement. Je la vois comme une étoile parmi les millions d’autres.
Je l’aime un peu cette sirène qui me parle de la lumerotte
Comme si
elle jouait à la belotte.
Je l’aime beaucoup quand elle me propose un
petit-déjeuner champagné
Et que je
lui parle comme ma préférée
Je l’aime passionnément quand elle me dit qu’elle a une
belle ristrette
Et
qu’elle voudrait avec moi jouer de la trompette
Je l’aime à la folie quand elle s’habille en chafouin
Et
qu’après on s’amuse dans le foin
Je l’aime pas du tout quand elle ouvre sa poudrerie
Parce que
moi je n’aime pas la fête de la francophonie
(Paul)
L’aimable fée apparait à mes yeux. Ses doigts effeuillent une chanson faite
d’accords grammaticaux et de doubles consonnes.
L’été des accordéonistes raisonne dans mes orteils, mes oreilles
ont la bougeotte.
Je l’aime un peu cette folle envie de
bouger, de faire du tap-tap avec les pieds.
Je l’aime beaucoup cette
sensation de remuer à l’intérieur alors que le monde autour reste
tranquille. Cette idée que mon esprit
est fada dans un monde momifié
Je l’aime passionnément le moment
où le mot de trop prend forme dans les tréfonds de la déraison, où le cerveau
se vigousse dans tous les sens pour
accoucher de ce que j’ai vraiment envie de dire
Je l’aime à la folie cette
pensée que oui, cette fois, je vais oser mettre du chafouin
partout et dire le mot qui commence par « m » et fini par
« erde »
Je l’aime pas du tout ce
« oui Madame, d’accord Madame » qui franchit mes lèvres quand la
maitresse de la fin de l’été me tombe dessus.
Il drache sur ma vie et sur mes
illusions.
(Françoise)
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